DELAIT Clémentine, la femme à barbe (1865 – 19 avril 1939)
Cimetière de Thaon-les-Vosges (Vosges)
Témoignages d’un « phénomène sensationnel », des clichés ont immortalisé quelques femmes souffrant d’hirsutisme. Mais aucune ne fut aussi connue et célébrée que Clémentine Delait.
Après avoir vécu une jeunesse rude et robuste dans sa campagne vosgienne, à 18 ans sa vie prit un nouveau tournant. Dans son journal, elle écrivit : « […] ma lèvre supérieure s’agrémentait déjà d’un duvet prometteur qui soulignait agréablement mon teint de brune ». Elle assuma cette pilosité, mais pas encore celle du menton qu’elle faisait alors raser. Et comme quoi la notion de charme est spécifique à chacun, Paul Delait, boulanger à Thaon-les-Vosges, fut séduit et l'épousa (1885).
En 1904, elle demanda l’autorisation de porter le costume d’homme, qu’elle obtint d’Émile Combes (1835-1921), président du Conseil. Comme un homme elle porta la barbe et des costumes, comme une femme elle fut coquette et s’habilla avec des robes.
Profitant de cet engouement, elle se mit en scène devant l’œil expert d’un photographe. Il en découla une série de cartes postales : Clémentine avec un chien, Clémentine devant un aéroplane, Clémentine dans la cage aux lions, etc…
Clémentine dans son salon, dans son jardin, en gentleman.
Homeyer et Ehret (Epinal). Imprimeur — Limédia galeries
Homeyer et Ehret (Epinal). Imprimeur — Limédia galeries
https://thaon-les-vosges.blogspot.com/2012/11/mais-ou-se-trouve-la-tombe-de-la-femme.html
Sources principales :
Article très inspiré du blog « Celles qui osent » : https://www.celles-qui-osent.com/biographie-clementine-delait/
Mais aussi :
-https://thaon-les-vosges.blogspot.com/2012/11/mais-ou-se-trouve-la-tombe-de-la-femme.html
-https://chroniquesintemporelles.blogspot.com/2019/10/les-femmes-barbe.html
-Wikipédia
28 décembre 2022
Quand la boulangerie se transforma en café, c’est d’une main de fer que Clémentine géra l’affaire. Avec son physique imposant et sa moustache qui intimidait, les clients avaient intérêt à bien se comporter. Etre la curiosité locale avait aussi l’avantage d’amasser plus de revenus. Et Clémentine avait le sens des affaires…
Lors d’une exhibition d’une femme à barbe à la foire de Nancy, elle découvrit juste quelques poils sous le menton de la malheureuse.
De retour au bistrot, elle clama haut et fort que la barbe de cette femme n’avait rien de comparable à la sienne. Moyennant la somme de 500 francs, un habitué du café la mit alors au défi de cesser de se raser. Pari tenu. Et Clémentine afficha bientôt, triomphante et sans complexe, une barbe frisée à double panache qui fit sa renommée et sa bonne fortune. En commercialisant son image, elle fit prospérer son estaminet devenu « le café de la femme à barbe ».
https://thaon-les-vosges.blogspot.com/2012/11/mais-ou-se-trouve-la-tombe-de-la-femme.html
Durant la Première Guerre mondiale, engagée auprès de la Croix Rouge, les poilus en firent leur mascotte. Sa célébrité devint alors nationale.
Après la guerre, la santé de son mari se dégrada. Le café fut vendu. Le couple, et leur fille adoptive, déménagea à Plombières où il acheta une mercerie. L’intérêt des clients pour la femme à barbe ne cessant de croître, les affaires allaient bon train. Elle créait l’événement partout où elle allait. Pour rester auprès de son mari, elle déclina l’offre juteuse que lui proposa le directeur de cirque Phineas Taylor Barnum.
Mais en 1928, à la mort de Paul, tout en rouvrant un café à Thaon, où elle proposa des spectacles de cabaret dont elle était la vedette, elle accepta des offres de tournées. A 63 ans, avec une barbe longue de 33 centimètres, elle partit sillonner les routes : Londres, Belfast, Paris…Indépendante et épanouie, elle menait la vie qu’elle voulait.
On lit parfois que sa notoriété fut aussi portée par une chanson interprétée par Thérésa (1836-1913), « La femme à barbe », créée en 1865, année de naissance de Clémentine, et qui connut un long succès.
Puis, quand sa barbe commença à blanchir, Clémentine se retira de la scène. Elle mourut à Epinal d’une crise cardiaque.
Inhumée près de son mari à Thaon-les-Vosges, elle avait elle-même rédigé son épitaphe. Fière de ses poils, elle avait tenu à ce que l’on inscrive sur sa tombe : « Clémentine Delait (1865-1939) la femme à barbe ».Vœu respecté.
TOMBES ET SEPULTURES DANS LES CIMETIERES ET AUTRES LIEUX
Dernière mise à jour
au 22 juin 2021
TOMBES SÉPULTURES DANS LES CIMETIÈRES ET AUTRES LIEUX
par Marie-Christine Pénin
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