Or, en 1730, l’abbé d’Olivet écrivit dans son Histoire de l’Académie française, que « La Fontaine avait été enterré à l’endroit même où Molière l’avait été vingt-deux ans avant ». De quel chapeau sortait-il cette information ?
Méprise fatale pour La Fontaine, car Molière n’a jamais été enterré au cimetière des Innocents mais dans celui de Saint-Joseph .
Malheureusement, cette erreur fut communément admise et reprise par la suite. Forte de cette fausse information, quand en 1792 la Révolution voulut rendre hommage au fabuliste en même temps qu’à Molière , Fleury, vicaire de Saint-Eustache, mandaté pour retrouver et faire exhumer le corps de La Fontaine, chercha dans le cimetière Saint-Joseph.
Comme Molière était supposé reposer au pied de croix centrale, on creusa à cet endroit et on trouva effectivement des ossements qu’on décréta être ceux de La Fontaine ; ossements, qui s’ils ne peuvent en aucun cas appartenir au poète, pourraient par contre, avec un peu de chance, être ceux de Molière .
Pour les lecteurs qui arriveraient sur cette page sans être passés par l’article sur Molière , reprenons :
Ces ossements furent mis en bière et déposés auprès de « Molière » dans la cave sépulcrale de la chapelle du cimetière.
La chapelle fut démolie pour être remplacée par un corps de garde où l’on entreposa les deux caisses sous une vigilance relâchée. Moyennant quoi, pour satisfaire la curiosité de quelques amateurs, les caisses furent ouvertes et victimes de quelques prélèvements. Et une relique de Molière par-ci et une relique de La Fontaine par-là !
De surcroît, plusieurs éléments concordent pour penser qu’à un moment les deux squelettes sortis de leurs caisses les ont réintégrer dans le désordre. Et La Fontaine de se retrouver dans la caisse étiquetée Molière et vice-versa !