Après avoir assuré des commandes prestigieuses, il était au sommet de sa gloire quand il décida pourtant de fuir la folie des hommes. Il retourna à ses sources, Banyuls. Il revint à la peinture et s’attaqua à sa dernière œuvre, Harmonie. Le 15 septembre 1944, alors que le Dr Nicolau le conduisait rendre visite à Raoul Dufy à Vernet-Les-Bains, ils furent victimes d’un accident de voiture dû à une route mouillée et aux pneus lisses de la Simca 5 qu'on leur avait prêtée. Blessé à la mâchoire, Aristide Maillol mourut chez lui d’urémie douze jours plus tard, cinq semaines après la Libération du département.
Néanmoins, la famille chassée de la ville par l'occupant comme beaucoup d'autres habitants, pas plus d’une dizaine de personnes suivit son corbillard jusqu’au caveau familial au cimetière de la Rectorie de Banyuls. Aristide souhaitait reposer à la Métairie, sa demeure, où sa tombe l'attendait déjà. En 1961, à l'occasion du 100ème anniversaire de sa naissance, il y fut transféré et inhumé. Une version en bronze de Méditerranée, une de ses sculptures préférées qui lui avait valu son premier immense succès, orna de suite sa tombe. La modeste propriété où il repose n’est pas qu’un mausolée puisqu’y existe aussi un musée dédié à l’artiste, bien évidemment.
Il avait imaginé et inventé une beauté qui n’existe pas dans la nature. Synthèse de multiples points de vue du corps réunis dans une vision cohérente, harmonieuse et poétique, ses nus aux rondeurs pleines et rassurantes simplifiées jusqu’à l’épure furent une véritable révolution artistique qui anticipait l'abstraction.