Petiot, Landru – Landru, Petiot : ce dernier rendrait presque sympathique notre Désiré national, tant il y vrai qu’autour de celui-ci il n’existe pas de passé criminel sulfureux outre celui qu’on lui connait et qu’il n’a pas baigné dans la noirceur des trafics de tous poils dont ceux du sinistrement célèbre 93 de la rue Lauriston. Question d’époque me direz-vous : pas si sûr car, nonobstant des points communs entre ces deux tueurs, je ne pense pas que le même ressort mental les animait ce qui ne dédouane pas Désiré de ses œuvres !
Le 9 mars 1944, alertés par le voisinage incommodé par des odeurs s'échappant d'une cheminée de l'immeuble de la rue Le Sueur, les pompiers découvrirent dans la cave de l’immeuble des corps humains dépecés prêts à être enfournés dans la chaudière de Petiot.
La perquisition de son appartement, où l’on trouva un amoncellement de valises appartenant à ses victimes, confirma le lien entre la découverte macabre et le personnage.
En fuite, engagé sous le pseudonyme de Valéry dans les FFI, il restait introuvable jusqu’à ce que paraisse un article où il était qualifié de "Petiot, soldat du Reich" auquel il répondit dans un trait de mégalomanie qui le mena à sa perte. Il fut arrêté le 31 octobre 1944.
Malgré la plaidoirie de Maître Floriot, qui dura six heures, et ses effets de manche, Marcel Petiot fut condamné à mort le 4 avril 1946 par les Assises de la Seine pour l’assassinat des vingt-sept personnes de rue Le Sueur alors qu’il en revendiquait une soixantaine.
Prévenu la veille de son exécution, Petiot conserva son calme jusqu’au lendemain matin 4h 40 où les gardiens le réveillèrent alors qu’il dormait paisiblement. Il se mit alors à remplir fébrilement des pages de son manuscrit puis, après avoir accepté en renâclant la bénédiction d’un prêtre, refusé le verre de rhum et fumé la dernière cigarette, Petiot se présenta dans la cour de la prison de la Santé où l’attendait la guillotine et le bourreau Jules-Henri Desfourneaux dont il était le premier condamné depuis la Libération. Le temps d’un dernier « bon » mot pour la postérité : « Messieurs, je voudrais que vous détourniez le regard. Ca ne va pas être beau… Je voudrais que vous conserviez de moi un bon souvenir » et, à 5h 05, la tête du docteur Satan roulait dans le panier. Selon les témoignages, jamais on ne vit quelqu’un aller à son supplice avec « un naturel parfait… comme s’il se rendait à son cabinet pour y donner une consultation de routine.»
Sa dépouille fut menée au cimetière parisien d’Ivry où, sur réquisition du commissariat de police, une fosse avait été creusée la veille dans le carré des suppliciés de ce cimetière.