Autant de bonnes raisons pour que le clergé lui refusât une sépulture chrétienne. Le curé de Saint-Sulpice interdit l'inhumation dans son cimetière consacré. Ne pouvant obtenir un meilleur accueil dans une autre paroisse et craignant que le corps de son oncle ne soit jeté dans un terrain vague, son neveu, l’abbé Vincent Mignot, commendataire à l’abbaye de Sellières (commune de Romilly-sur-Seine dans l’Aube), décida de braver les foudres de l’évêque de Troyes dont dépendait l'abbaye. Joignant le geste à sa décision, l’abbé récupéra le corps qu’il installa dans un carrosse, comme s’il dormait; la dépouille était assise, poudrée et perruquée, ligotée à sa banquette. A brides abattues, ce singulier attelage galopa vers Sellières. Après une nuit de veillée, les moines inhumèrent Voltaire dans le chœur de l’église abbatiale le 2 juin 1778, se jouant ainsi de l’interdiction de l’évêque qui arriva trop tard.
En avril 1791, l’abbaye était vendue comme bien national. Horreur ! Le département de l’Aube, le club des Jacobins de Troyes et la municipalité de Romilly songeaient à se partager les ossements ! Heureusement, sur la demande du marquis de Villette, neveu par alliance de Voltaire, les officiers municipaux de Paris demandèrent le transfert de ses restes à Paris. A Sellières on batailla ferme pour que la dépouille restât où elle était ou qu’au moins on y laissât la tête de l’écrivain. Peine perdue. Le 10 mai 1791, le corps fut conduit à l'église de Romilly-sur-Seine.
Commença alors le transfert de la dépouille du grand homme sur un char attelé de quatre chevaux blancs caparaçonnés de violet. Il fallut deux mois avant d’atteindre la capitale le 5 juillet.
Le 11, une grandiose cérémonie patriotique salua dignement son arrivée au Panthéon dont il est l’un des premiers occupants.