En ce matin de Vendredi saint, Vatel attendait une livraison de poissons et de coquillages de Boulogne-sur-Mer qui n’arriva pas à l’heure. Vatel effondré en ne voyant pas arriver sa livraison se serait suicidé. La réalité est sans doute plus complexe. Jean-Hérault de Gourville, ami de Condé, venait de rentrer en France et Condé lui avait demandé de mettre de l’ordre dans ses affaires. Vatel, qui avait été le premier chez Fouquet souffrait de se voir perdre son importance. Fragilisé par cette situation, son « échec » du jour, accentué par des railleries de Gourville, lui a t-il paru insurmontable ? Cela reste un mystère.
« Cet homme d’une capacité distinguée dont la bonne tête était capable de contenir tout le soin d’un état[…] voyant à huit heures ce matin que la marée n’était point arrivée, n’a pu soutenir l’affront […] qui l’allait accabler et en un mot il s’est poignardé. Vous pouvez penser l’horrible désordre qu’un si terrible accident a causé dans cette fête. Songez que la marée est peut-être arrivée comme il l’espérait…[…]Je ne doute pas que la confusion n’ait été grande, c’est une chose fâcheuse à une fête de cinquante mille écus ».
Sa brutale disparition n'empêcha pas la suite du séjour du roi de bien se poursuivre et le poisson d’arriver mais trop tard.
A l’annonce de sa mort, pour éviter le scandale, Gourville ordonna d’emporter son cadavre sur une charrette loin de Chantilly. Les exécutants préférèrent l’emmener en carrosse jusque Saint-Léonard, paroisse de Vatel. Là, le curé refusant le corps du suicidé, il fut inhumé sans cérémonie, à deux kilomètres de Chantilly, dans le cimetière de la paroisse de Saint-Firmin dont le curé, voulant se couvrir pour avoir accepté un suicidé en terre bénie, précisa sur son registre qu'il avait agi par « l'ordre que lui en ont apporté les officiers du prince de Condé »
Célèbre en son temps, son suicide raconté par Mme de Sévigné aida sans doute à ne pas l’oublier, comme le film Vatel de Roland Joffé, sorti en 2000, qui le ressuscita un bref instant.
Sa sépulture a disparu depuis bien longtemps. Néanmoins, en novembre 2012, Jacques Preuvot, fils de l’ancien régisseur du Domaine de Chantilly où il a grandi, et passionné d’histoire, prétend, après des années de recherches, pouvoir la retrouver à deux mètres près.
On ne demande qu'à voir...