Dès ses vingt-deux ans, il s’était distingué sur les champs de batailles. Il avait remporté sur les Espagnols et les impériaux l’éclatante victoire de Rocroi, suivie de celles de Fribourg, Nördlingen et Lens. Auréolé d’un immense prestige, le drame de Condé fut peut-être de vouloir accompagner cet héroïsme militaire du pouvoir suprême qu’il ne détenait pas, bien qu’il veuille lui imposer ses volontés.
Propulsé au faîte de la gloire, il portait tout au paroxysme : l’orgueil, la violence et le mépris. Son impiété était notoire : il jurait et blasphémait comme un soudard, tournait les dévots en ridicule. Pourtant, il s’imposait des épreuves inouïes, poussait toujours plus haut la quête de l’exploit en prenant des risques insensés.
Face à lui, Mazarin, Italien et roturier, une reine espagnole et un enfant à qui les deux premiers voulaient transmettre un royaume en état de marche contre sa vision des choses. D’abord soutien d’Anne d’Autriche au début de la Fronde, sa rivalité avec Mazarin l’avait jeté dans les bras des ennemis du cardinal en 1649, à commencer par ceux de sa soeur la duchesse de Longueville. Le 18 janvier 1650, avec son frère le prince de Conti et son beau-frère, Henri II de Longueville, il fut emprisonné durant treize mois. Libéré à l’aube de la fuite de Mazarin, Condé prit la tête de la Fronde des princes, malgré la majorité de son grand cousin, Louis XIV. Il leva des troupes et marcha sur Paris. En face, le jeune roi âgé de quatorze ans et le Grand Turenne qui prit la tête des troupes royales et défit le prince à trois reprises dont la dernière en mai 1652, lors de la bataille du faubourg Saint-Antoine à Paris.
Réfugié en Flandres, il se rangea du côté des Espagnols. De nouveau battu par Turenne, le traité des Pyrénées en 1659 lui assura le pardon du roi qui lui accorda un commandement lors des reprises des hostilités avec l’Espagne en 1668 dont Condé sortit vainqueur en Franche-Comté.
Et depuis, rien ou si peu. Condé se morfondait et, ne vivant pas sur un pied d’économie, voyait fondre sa fortune. Car si Louis XIV lui avait donné une opportunité de se racheter, il continuait à s’en méfier et ne lui accordait toujours pas sa pleine faveur.
Mais le roi n’était pas stupide. Les circonstances ne permettaient plus à Condé de s’opposer à lui et, plus que tout, il avait besoin des talents de ce remarquable homme de guerre.
Les fêtes de Chantilly furent un triomphe et marquèrent le retour en grâce définitif du Grand Condé. Il combattit aux côtés des armées royales de Turenne lors de la guerre de Hollande en 1672 et se couvrit de gloire autant dans ce combat que d’en d’autres qui suivirent et fut nommé généralissime des armées de l'empire germanique après la mort de Turenne en 1675.