La Fronde se terminait par le triomphe de la royauté qui y gagnait ses galons d’absolutisme.
Le véritable reproche que l’on pourrait faire à l’un des plus grands souverains français serait peut-être d’avoir toujours été persuadé qu’il n’avait de compte à rendre qu’à Dieu. Une telle opinion de sa personne, conjuguée au règne le plus long de notre histoire et à l’insuffisance des règnes suivants, alluma lentement, mais sûrement, les mèches du tonneau de poudre qui explosa au nez de Louis XVI.
La fin de règne du Roi-Soleil pouvait déjà laisser présager des affres révolutionnaires. De là où il se trouvait, le plus grand roi du monde de son époque dut prendre une tardive leçon d’humilité quand, son ultime heure venue, il fut mené en sa dernière demeure. Massillon, devant le cercueil, dira : « Dieu seul est grand, mes frères ». Le 9 septembre, après avoir été exposé sur son lit de parade, le corps du roi prit le chemin de Saint-Denis.
Il n'était pas exceptionnel d'effectuer nuitamment des transports funèbres de Versailles à Saint-Denis. Néanmoins, dans le cas de Louis XIV, cela avait l'avatage de protéger à minima le convoi des cris de joie autant que de colère. Ce qui n’empêcha pas une affluence prodigieuse pour regarder passer le char, escorté par la plus ancienne et la plus fidèle compagnie de la garde, celles des Écossais.
Mais la foule n’était pas là pour pleurer. Le peuple dansait, chantait, mangeait et buvait. Le peuple se livrait à une joie de peu de mise. Certains même vomirent des injures au passage du char. Ce n’était que peu de chose au regard de ce qui attendait Louis XV cinquante neuf ans plus tard. La réaction populaire ne désorganisa pas pour autant la cérémonie funèbre à Saint-Denis qui fut empreinte d'émotion et grandiose.