Eugène devient pair de France en août 1830. Son entrée en politique l’éloigna encore davantage de sa femme et de ses enfants.
Préférant son château aux mondanités parisiennes, elle reporta toute son affection sur ses enfants et ses petits-enfants. Ce fut pour eux, à force de raconter des histoires, qu’elle se lança dans la carrière d’écrivaine à cinquante-huit ans.
Œuvre moralisatrice, le juste et l’injuste s’opposent pour bien faire comprendre ce qu’est le droit chemin et combien il est dans l’intérêt de tous d’être courageux, doux et sans mauvaises intentions. Mais bien au-delà des leçons de morales ou d’éducation, l’œuvre de la comtesse de Ségur conserve un intérêt considérable pour l’histoire des mentalités de la bourgeoisie et de la noblesse du 19ème siècle, même si celles-ci s’inscrivent parfois en filagrammes.
Nourris de ses souvenirs, de son existence, de ce qu’elle voyait, les livres de la comtesse ne sont pas aussi innocents qu’il y parait. De leurs prénoms ou de leurs vies, de nombreux membres de sa famille se retrouvèrent ainsi la source première de son inspiration. La critique psychanalytique la plus moderne y trouve également son compte et le style demeure plein d’enseignement et de charme même si les leçons de morale risquent en revanche de laisser perplexes les jeunes lecteurs d’aujourd’hui.
Allez juste pour le plaisir : Les malheurs de Sophie, Les petites filles modèles, Les vacances, Un bon petit diable, Le général Dourakine, etc.
Elle entra dans les ordres en 1866, comme tertiaire franciscaine, mais continua à écrire. Victime d’une congestion cérébrale en 1869, elle partit chez sa fille Henriette, épouse du sénateur Fresneau, à Kermadio (Pluneret) reprendre des forces. La guerre de 1870 l’obligea à y prolonger son séjour.
Son veuvage et l'effondrement consécutif des ventes de ses livres l’obligèrent à vendre Les Nouettes en 1872 et à se retirer à Paris où elle mourut dans les bras de son fils Gaston.
Elle fut inhumée à Pluneret. Au chevet de sa tombe, sur une croix en granit, est inscrit : « Dieu et mes enfants » qui résume toute sa vie.
Son cœur, embaumé, fut déposé dans la chapelle du couvent de la Visitation 110 Rue de Vaugirard à Paris où était morte sa fille Sabine de Ségur.