C’est ainsi que Jeanne, d’abord promise à Henry d’Angleterre puis au fils du roi d’Aragon, devint, en 1284, la femme du futur Philippe IV. Les enfants se connaissaient bien puisque la princesse vivait depuis quelques années à la Cour de France où elle avait partagé les jeux et les études de son époux.
L’année suivante, la mort prématurée de Philippe III propulsa le jeune couple roi et reine de France. Alors que Philippe IV prenait en main les affaires du pays, Jeanne assurait la descendance. Six enfant naquirent dont seuls quatre survivront :
Si elle accompagnait souvent son époux dans ses voyages en province, la personnalité de ce dernier ne lui permit guère de jouer un rôle politique national. Néanmoins, elle géra son héritage, la Navarre et la Champagne, en suivant le modèle français et sut le défendre avec vigueur.
A Paris, l’hôtel de la reine était autant le centre d’activités culturelles que de nombreuses intrigues.
Pieuse sans être dévote, Jeanne n’est pas connue pour la fondation d’édifices religieux mais pour un bijou d’un autre genre qui apporta des lettres de noblesse à l’enseignement : le fameux collège de Navarre qu’elle fonda en 1304.
Femme cultivée et intelligente, Jeanne en avait fixé les règles de fonctionnement avec beaucoup de précision. Alors que les collèges étaient des structures d’accueil qui ne dispensaient pas d’enseignement, la reine innova en prévoyant des cours.
Autre nouveauté, elle souhaita réunir sous un même toit des étudiants de différentes facultés dont elle planifia la vie quotidienne. Dotant généreusement le collège, les étudiants y trouvaient un niveau de vie bien supérieur à celui d’autres établissements. De sa création à sa disparition sous la Révolution, soit presque cinq siècles d’existence (!), un nombre considérable de futures personnalités fréquentèrent l’établissement participant ainsi à sa notoriété: Pierre de Ronsard, le cardinal de Richelieu, André Chénier, Condorcet et bien d’autres y usèrent quelques fonds de culotte.