Richelieu et Louis XIII morts, le jeune ambitieux pensa faire figure dans le parti d’Anne d’Autriche. Mais joué par cette dernière et Mazarin, très lié aux intrigantes Mme de Chevreuse et la duchesse de Longueville, de dépit il se jeta dans la Fronde des princes. Brillant soldat, il fut de plusieurs combats au côté des frondeurs, y compris celui de la porte Saint-Antoine à Paris (1652) où il reçut une décharge de mousquet en plein visage. Après avoir accepté de se rallier au roi, sa vie de conspirateur et de soldat était terminée. Vaincu, plusieurs fois blessé, déçu par les hommes et l’action, il dut renoncer à jouer à grand rôle. Il avait quarante ans. Retiré dans ses terres, lorsqu’il revint à Paris (1656), il n’avait d’autre ambition que de se consacrer à la vie mondaine et à la réflexion morale.
Fréquentant le salon de Madeleine de Scudéry, il appartenait désormais au milieu précieux au meilleur sens du mot. Très proche de Mme de Sévigné et surtout de Mme de La Fayette, dont la tendre amitié le consola de bien des maux qui vinrent s’ajouter à ses désillusions, il composa d’abord des Mémoires (1662). Côtoyant aussi de façon très assidue le salon de Mme de Sablé, c’est dans le cercle de celle-ci que naquirent les fameuses Maximes (Réflexions ou sentences et maximes morales) publiées à son insu et qui firent scandales. Fruits d’une longue méditation désabusée mais féconde, les Maximes s’organisent autour d’une idée centrale : le peu d’illusions qu’il se faisait sur la nature humaine. Entre pessimisme et dénonciation de l’amour-propre, le ton impitoyable de l’auteur sembla si effrayant que, sous l’influence de Mme de la Fayette, il l’atténua pour la publication de 1665. On lui aussi des Réflexions diverses éditées après sa mort.
Cependant, dès les années 1670, sa santé, sérieusement ébranlée depuis longtemps par ses anciennes blessures, se détériorait. Souffrant cruellement de la goutte, mais gardant jusqu’au bout son admirable fermeté, ses amis ne le quittaient pas et se retrouvaient à son chevet. Il s’éteignit dans les bras de Bossuet. Son corps prit alors le chemin de Verteuil où il fut inhumé au couvent des Cordeliers, fondé en 1471 par Jean de la Rochefoucauld pour recevoir les sépultures de sa famille. En 1793, la Révolution dispersa ses cendres dans la Charente. Il ne reste rien de sa tombe. De nos jours, le couvent a été transformé en un très bel établissement hôtelier.