Ou la guerre de Cent Ans pour cause de chasteté !
Roi sévèrement jugé par les historiens, Louis VII n'en gouverna pas moins son royaume avec dévouement et une application croissante. Il acquit lentement la sagesse qui lui faisait défaut à son avènement et son règne fut long. Plutôt loyal que rusé, face à ses adversaires, cette qualité a pu sembler dérisoire. Sa plus grave erreur ? Divorcer d'Aliénor d’Aquitaine.
Elevé par l'abbé Suger, alors qu’il avait plutôt envisagé une carrière ecclésiastique, la mort de son frère aîné lui offrit la couronne. A la place d’une rude toile de bure, il se retrouva dans le lit soyeux de son épouse Aliénor d’Aquitaine. De son éducation, il avait gardé l'empreinte monastique et peu de goût pour les armes et les joutes amoureuses. Conséquences, il trouvait davantage de satisfaction agenouillé sur son prie-Dieu que lové dans les bras de sa femme. Aliénor, plus épicurienne que dévote ascétique, se lassa de ce trop chaste époux et finit par le tromper outrageusement, donnant toute la démonstration de son tempérament lors de la seconde croisade où elle accompagna Louis.
De retour en Europe, elle se laissa séduire par le futur Henry II d’Angleterre. Louis VII et Aliénor divorcèrent et quelques semaines plus tard Aliénor traversa la Manche pour l’Angleterre où elle épousa Henry II. Le drame pour la France était qu’avec ses malles Aliénor embarquait aussi sa dot à savoir l’Aquitaine, territoire qui, à l’époque, représentait la moitié de la France. L'Aquitaine devint l’enjeu et le prétexte à bien des revendications ultérieures entraînant la France et l’Angleterre vers la guerre de Cent Ans.
Quant à Louis, dont la croisade fut un fiasco, il réussit malgré tout à exploiter les divisions de la famille Plantagenêt sans toutefois réussir à entamer leur puissance.
Atteint d’hémiplégie depuis un pèlerinage entrepris sur le tombeau de Thomas Becket souffrant de fréquentes pertes de lucidité, il abandonna le pouvoir à son fils Philippe. En Septembre 1179, victime d’un refroidissement ayant provoqué une nouvelle crise d’hémiplégie, Louis perdit l’usage de la parole. Durant des mois, il ne put quitter son lit. Enfin la mort le délivra de sa lente agonie.
Selon ses vœux, il fut inhumé en l’abbaye royale de Notre-Dame de Barbeau (Seine-et-Marne) qu’il avait fondée. Adèle de Champagne lui fit édofier un magnifique tombeau :
« La Reine son épouse fit poser dessus et au niveau du carreau une grande pierre de marbre blanc, avec une inscription convenable. Sur ce marbre était la statue couchée de Louis VII. Cette statue représentait le roi en habits longs, avec un manteau qui descendait jusqu'aux talons. Il portait sur la tête une couronne ouverte, entourée de simples trèfles ; il tenait à la main un sceptre surmonté d'une pomme de pin. Enfin, la reine sa femme, dit un ancien historien, fit faire sur lui, une tombe d'or et d'argent, ornée de pierres précieuses et de merveilleuse œuvre et riche ».
Philippe Auguste demanda qu'un cierge fût toujours allumé devant le tombeau.
En 1566, Charles IX, présent à Fontainebleau eut la curiosité de faire fit le tombeau et constata que le corps de Louis était intact.