Avec la victoire en leitmotiv, à en devenir lassant, Turenne reste l'un des plus brillants chefs militaire de l'histoire de France.
Elevé dans un calvinisme austère et ardent, son père, le jugeant trop fragile de constitution, ne le destinait pas à la carrière des armes. Mais sur son insistance, il fit son apprentissage militaire en servant en Hollande de 1625 à 1629 auprès de ses oncles Maurice et Henri de Nassau. L’année suivante, comme garant du loyalisme des Bouillon, il fut appelé à résider en France où Richelieu lui réserva bon accueil.
Turenne ne se contentait pas de se distinguer à l’occasion de batailles, il était près de ses soldats. Lors d’une retraite, il leur témoigna une telle bonté qu’elle en devint légendaire.
Après avoir cumulé un impressionnant nombre de victoires –Saverne, Beaumont et Maubeuge (1636), Brisach (1638), Casal, Turin, etc.- il fut fait maréchal de France en 1643. Il glana encore des lauriers en Allemagne, fut battu à Mergentheim (1645) avant de prendre une part glorieuse, aux côtés du Grand Condé, à la bataille de Nordlingen trois mois plus tard. Et cela continua jusqu’à la Fronde parlementaire (1648/1649) durant laquelle sa fidélité à Louis XIV s’effaça au profit des intérêts de sa famille. Exaspéré par l’arrestation de Condé en 1650, il s’en alla combattre dans les rangs des frondeurs avant de se réconcilier avec le roi (1651) et de prendre la tête de l’armée royale. A quatre reprises, il battit Condé à plate couture et devint l’un des principaux acteurs du redressement royal.
Ministre d’Etat en 1652, mais le plus souvent aux armées, il remporta de grands succès aux frontières
Nommé gouverneur du Limousin après la paix des Pyrénées (1659), élevé à la dignité exceptionnelle de maréchal général des camps et armées du roi (1660), il en profita pour réorganiser la cavalerie.
En 1667, il partit pour la Flandre avec le roi qu’il initia à la conduite des opérations de guerre.
Outre sa simplicité et sa modestie, le plus étonnant chez Turenne fut aussi cette capacité d’améliorer son talent de chef militaire à mesure qu’il prenait de l’âge comme en témoigne sa campagne (1674) et son écrasante victoire (janvier 1675) contre les Impériaux.
Son retour à la Cour fut accompagné d’une vraie marche triomphale populaire. Comme le lui dit Louis XIV « Vous avez relevé un lis de ma couronne ».
Le 7 juin il passait le Rhin et s’avançait dans le pays de Bade, quand il fut frappé en pleine poitrine par un boulet perdu lors de la bataille de Sasbach contre son vieil adversaire, Montecuccoli. Le maréchal tombait au sommet de sa gloire.
Convertit au catholicisme depuis 1668, au moment de ses obsèques ses dernières volontés étaient-elles inconnues ou ne furent-elles pas respectées ? Selon Mme de Sévigné, un de ses neveux s’apprêtait à emmener le corps du maréchal lorsque Louis XIV décida qu’Henri de La Tour d’Auvergne, vicomte de Turenne serait inhumé en la basilique Saint-Denis où une poignée de grands serviteurs de l’Etat l’y avait précédé au cours des siècles. Sa sépulture serait dans la crypte, près de celle des Bourbons. Arrivée le 30 août au soir, sa dépouille fuit ensevelie le lendemain en grande pompe, en présence de sa famille et de ses amis.
Louis XIV veilla à ce que la pompe funèbre du jour et celle qui suivit n’aient rien à voir « avec sa naissance, mais avec tout ce qu’il a acquis d’extérieur ». Jules Mascaron, évêques de Tulle, prononça l’oraison funèbre qui ne fut guère appréciée et l’on s’étonna que cela ne fût pas Bossuet, ami du maréchal qui avait influencé sa conversion au catholicisme, qui s’en chargeât.
Puis, le 9 septembre, les Menus-Plaisirs du Roi se surpassèrent pour la cérémonie funèbre à Notre-Dame où Esprit Fléchier, grand prédicateur, prononça son éloge funèbre. Par lettre de cachet, le roi avait ordonné aux membres du Parlement d’y assister. Le Parlement, la Chambre des comptes, la Cour des aides, la Ville et l’Université, les chanoines et les évêques, des ambassadeurs et ministres étrangers, etc., vinrent donc rendre leur dernier hommage.
Mais ce qui retint le plus l’attention, fut l’extraordinaire pompe funèbre (décor) digne du roi qui l’avait exigée et de la gloire de Turenne.
Outre les grandes tentures noires, tendues sur les portes et dans la nef, on avait érigé une tour, dont était composé le mausolée, qui était censée évoquer à la fois celle du roi David, susceptible de rappeler que Louis XIV avait commandé la cérémonie, l’aspect des tombeaux des princes valeureux de la Rome antique, les figures de l’Eglise et de la Vierge dans le Cantique des cantiques, allusions à la conversion au catholicisme de Turenne, enfin les armes de ce soldat qui portait également le nom de La Tour d’Auvergne ”…