Compagnon de route des futurs impressionnistes en révolte contre l’académisme, ceux-ci le désignèrent comme leur tête de file, en dépit de ses protestations. La chose est effectivement étonnante, car à cette époque, contrairement à eux, Manet continuait à suivre des préceptes académiques comme pour prouver son savoir-faire. Mais dans la spontanéité précoce de sa manière de rendre un spectacle directement observé – et que la critique de l’époque confondait avec un barbouillage grossier qui « écorche les yeux comme la musique de foire fait saigner les oreilles » –, dans l’oubli du « sujet académique » au profit d’une affirmation de l’œuvre pour elle-même, il offrit un berceau à l’art moderne. Ainsi va-t-il jouer un rôle d’intermédiaire entre deux époques.
C’est peut-être pour cette raison qu’on le considère comme le précurseur d’un mouvement qu’il a malgré lui préparé et dont le grand représentant fut Claude Monet.
Il lui fallut attendre la Salon de 1881 pour recevoir enfin la médaille tant convoitée et la reconnaissance tardive, mais officielle, de son art qui n’en restait pas moins partiellement incompris.
Bien tard pour le peintre malade et immobilisé dans sa maison de Rueil où il mourut des suites d’une opération d’amputation de la jambe.
Ornant sa sépulture, un buste signé de son beau-frère, Ferdinand Leenhoff.