Princesse parisienne, Mahaut n’était guère présente sur ses terres d’Artois qu’elle avait hérité de son père, Robert II d’Artois. L'Artois étant alors une jeune principauté, Mahaut œuvra pour fédérer la population artésienne autour de sa personne et de sa famille et y réussit.
Mais il est vrai que les deux grandes affaires de Mahaut d’Artois ont occulté le reste de ses actions.
Mahaut et Robert III d’Artois
Déjà évoqué dans l’article sur Robert III, il me semble nécessaire de rappeler l’origine du conflit qui opposa durant vingt ans ces deux personnalités extraordinaires, véritable thriller moyenâgeux.
En 1237, Saint-Louis donna la comté-paierie d’Artois en apanage à son frère Robert Ier qui fut tué en 1250 à la bataille de Mansourah. Il laissait un fils : Robert II qui eut aussi deux enfants :
- Mahaut
- Philippe né en 1269 et qui, blessé lors de la bataille de Furnes en août 1297, mourut un an plus tard après une longue agonie.
Robert II mourut à la bataille de Courtrai le 11 juillet 1302 laissant à sa fille Mahaut l’héritage de Philippe.
Mais Philippe avait eu six enfants dont un seul fils, Robert III, qui réclamait donc l’héritage qui lui serait revenu si son père n’était pas mort prématurément.
Malgré le jugement de Philippe IV rendu en faveur de Mahaut en 1309, Robert III ne s’avoua jamais vaincu, même après la mort de sa tante. Vingt ans à défendre bec et ongle ses domaines sur fond de haine et de rancœur contre les intrigues de son neveu ! Mahaut n’étant pas femme à tendre le cou pour qu’on le lui coupât, elle sut rendre coup pour coup et pas toujours avec grandeur...
Mahaut et ses filles, brus du roi
De son union avec Othon IV de Bourgogne († 1303) étaient nés cinq enfants dont trois fils qui n’atteignirent pas l’âge adulte. Outre la douleur maternelle, se greffait celle de la perte de pérennité dynastique directe. Néanmoins, le mariage de ses deux filles, Jeanne et Blanche avec deux des fils de Philippe IV , Philippe, futur Philippe V et Charles, futur Charles IV la hissait au rang très enviable de belle-mère de deux rois de France potentiels. Elle ne pouvait ambitionner davantage.
Malheureusement, les frasques adultérines de Blanche, couvertes par sa sœur Jeanne, connues sous le nom du scandale de la Tour de Nesles, anéantit une bonne partie de ses rêves. Si Mahaut put voir Jeanne sacrée reine deux ans avant sa mort, aucune de ses interventions ne permit la libération de Blanche de son vivant.
On ne sait exactement de quoi mourut la comtesse d’Artois. Le 23 octobre 1329, après avoir dîné à Poissy avec le roi Philippe VI, elle passa la nuit à l’abbaye royale de Maubuisson. Rentrée le lendemain à Paris, elle tomba subitement malade dans la nuit du 25. Elle résista au mal durant un mois. Jeanne, veuve de Philippe V, l’assistait quand, après sa longue agonie, elle se décida à expirer. Jeanne lui succéda comme comtesse d’Artois mais suivit sa mère dans la tombe deux mois plus tard.
Soucieuse de son image, même par delà la mort, Mahaut avait demandé au pape l'autorisation de diviser sa future dépouille.
Elle fut inhumée en l'abbaye de Maubuisson, auprès de son père. Son cœur fut déposé en l'église du couvent des Cordeliers (Paris), à côté de son fils Robert.
Il ne reste rien de sa sépulture. Un temps les historiens lui attribuèrent un gisant dit « la gisante noire » d’une princesse non identifiée provenant de Maubuisson et aujourd’hui en la basilique Saint-Denis. Cette hypothèse est dorénavant relayée par celle de Marie de Brienne († vers 1280), dernière impératrice latine de Constantinople et dont les crières semblent davantage correspondre.