Au sortir de Port-Royal et après des études au Collège d’Harcourt durant lesquelles il fréquenta le milieu des comédiens, Racine se tourna vers la tragédie au grand dam des jansénistes. Espérant l’éloigner de cette voie de perdition qu’est le théâtre, Port-Royal l’expédia à Uzès pour étudier la théologie. Ce fut en pure perte.
De retour à Paris, ses succès poétiques l’encouragèrent et Molière accepta de jouer ses premières pièces : La Thébaïde, Les Frères ennemis (1663-1664), et Alexandre (1665).
Se brouillant avec Molière et rompant avec Port-Royal, en 1667, Racine donna Andromaque, son premier chef-d’œuvre. Sa maîtresse, Marquise Du Parc, en fut une célèbre interprète. Rappelons qu’à la mort de cette dernière, intervenue en pleine « Affaire des poisons », Racine fut accusé d’avoir aidé à son trépas. La Champmeslé, qui lui succéda aussi bien dans son lit que sur scène, tint les plus grands rôles du dramaturge.
Le succès fut à la hauteur des jalousies qu’il suscita et des hostilités qu’il déclencha. Répliquant à coups de Plaideurs (1668) et de Britannicus (1669) sa gloire ne cessa de grandir jusqu’à sa Bérénice (1670) qui l’emporta contre celle de Corneille.
Bien que momentané, l’échec de Phèdre (1677) eut un retentissement sur sa carrière. A la croisée de ses réflexions, il se réconcilia avec Port-Royal et, à trente-sept ans, en pleine gloire, fit des adieux au théâtre qu’il pensait définitifs.
Il renonçait au théâtre mais non à la Cour. Devenu, avec Boileau, l’historiographe du roi, il avait l’art de flatter discrètement Mme de Maintenon et de se ménager à la fois Colbert, Louvois, Bossuet et Fénelon. Par ses écrits, il sut surtout célébrer une sorte de culte royal.
A la demande de Mme de Maintenon, il accepta de revenir au théâtre et d’écrire, pour les pensionnaires de Saint-Cyr, quelques espèces de poème moral et historique dont l’amour fut entièrement banni: Esther (1689) et Athalie (1691) deux tragédies bibliques.
Dans son hôtel luxueux, Racine se consacrait de plus en plus à sa vie de famille. Il élevait ses sept enfants dans la piété, écrivait des Hymnes et des Cantiques spirituels et s’exerçait à la vie chrétienne avec une modération souriante. Ainsi a-t-on parlé de « sagesse » en cette fin d’existence.