Agrégée de philosophie, professeur à l’université, Simone, pétrie d’existentialisme, ne cessa de préciser sa pensée en prenant en compte, dès l’après guerre, la responsabilité de l’homme envers son prochain en donnant la première place à l’engagement dans la vie quotidienne: Le sang des autres (1945), Tous les Hommes sont mortels (1946) et la pièce Les bouches inutiles (1945).
En 1945, elle fit aussi partie du premier comité de rédaction des Temps modernes.
En 1949, elle fit paraître Le Deuxième sexe qui fut non seulement un apport considérable à l’existentialisme mais qui donna un essor décisif et durable à la France comme défense et illustration du féminisme. Son analyse de la condition féminine à travers les mythes, les civilisations, les religions, l'anatomie et les traditions fit scandale, et tout particulièrement le chapitre où elle abordait la maternité et l'avortement, assimilé à l’époque à un homicide.
Quant au mariage, elle le considérait comme une institution bourgeoise aussi répugnante que la prostitution lorsque la femme est sous la domination de son mari et ne peut en échapper.
Son influence fut par la suite déterminante pour obtenir la reconnaissance des tortures infligées aux femmes lors de la Guerre d'Algérie et le droit à l'avortement. Elle fut à l'origine du fameux Manifeste des 343.
Mais son éthique humaniste allait voler en éclats au contact de l’Histoire. C’est ce constat d’échec que l’on trouve dans Les Mandarins, roman à clefs qui posa le dilemme des intellectuels de gauche : faut-il dénoncer les camps de concentration soviétique au risque de nuire à la Révolution ? Cet ouvrage, qui remporta le prix Goncourt en 1954, annonçait déjà son œuvre de mémorialiste.
Malgré la qualité de ses romans, ce sont ses témoignages d’une aventure intellectuelle et politique partagée avec Jean-Paul Sartre rencontré en 1926 et qu’elle considérait comme un génie, qui l’imposèrent comme une grande figure des lettres de l’après-guerre : Mémoires d’une jeune fille rangée (1958), La Force de l’âge (1960), La Force des choses (1963).
Son émouvant témoignage de la vieillesse dans son essai La vieillesse (1970), puis la bouleversante Cérémonie des adieux, écrite à la mort de Sartre, vinrent consacrer cette femme qui donna le pas aux sciences humaines sur l’imaginaire.
De nombreuses personnalités politique et artistiques, des figures du féminisme international et une foule immense et recueillie de femmes l’accompagnèrent jusqu’à se dernière demeure.
Simone de Beauvoir fut inhumée au cimetière du Montparnasse dans la même tombe que son grand complice disparu six ans plus tôt : « Sa mort nous sépare. Ma mort ne nous réunira pas. C'est ainsi ; il est déjà beau que nos vies aient pu si longtemps s'accorder » avait-elle confié.
La sépulture, facilement trouvable dès l'entrée du cimetière est l'une des plus visitée des lieux avec parfois des hommages appuyés mais nettoyés régulièrement.