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Le premier sanctuaire des lieux fut probablement construit à hauteur du n° 8 de l'actuel boulevard Malherbes, dans le bourg de La Ville l'Évêque (ou Culture l'Évêque), domaine octroyé à l'évêque de Paris au temps du roi Dagobert. En 1492, Charles VIII y installa une confrérie dédiée à sainte Marie-Madeleine qui, de temps immémoriaux, avait été particulièrement honorée dans le bourg. Une nouvelle église fut construite sous son vocable.
La paroisse connue trois cimetières.
En 1690, l’accroissement du nombre de ses paroissiens contraint le curé de la Madeleine à acheter nouveau un terrain dans les marais situés entre les rues de Suresnes et du Faubourg Saint-Honoré. Ce cimetière servit jusqu’en 1720, date à laquelle le curé le céda pour que soit installé à sa place le marché d’Aguesseau.
Il l’échangea d’abord contre un terrain attenant au premier cimetière et au presbytère. Puis, contre paiement d’un loyer, le curé de la Madeleine proposa à la Fabrique un terrain en marais situé rue d’Anjou qui appartenait à la cure. Ce sera le troisième cimetière de La Madeleine qui connut les heures sanglantes de la Révolution française. Les corps de ce cimetière des pauvres furent exhumés et les terres fouillées profondément avant leur ré- inhumation dans ce nouveau cimetière.
Les trois cimetières
► Le premier cimetière (1 sur le plan)
Ce très petit cimetière (environ 18 mères sur 12), datant du 13ème siècle, était accolé au côté ouest de l’église. Il s’en dégageait une odeur épouvantable ce dont souffraient les habitants des maisons voisines lorsqu’il fut inspecté en 1763.
Après l’ouverture des deux autres cimetières qui suivent, il fut réservé aux personnes de condition et à celles qui y avaient leur tombeau de famille, ou qui étaient assez riches pour y élever quelque monument. Il ne reçut plus qu’une trentaine de corps par an, à savoir ceux des grands convois.
Aux Catacombes, un panneau indique « Ossements de l’ancien cimetière de la Madeleine (rue de la Ville-l’Evêque n°s1 et 2 […] ». Au regard des trois emplacements, et du qualificatif « ancien », il s’agit des ossements de ce premier cimetière et non du troisième, le révolutionnaire.
Si elles ne furent pas inhumées dans l’église Sainte-Madeleine de la Ville-l'Evêque, c’est là que reposèrent:
►CHOISEUL-BEAUPRE, Charlotte de Romanet, comtesse de (+ 1753), dame d’honneur de Marie-Adélaïde de France.
►DES MARETS Marie-Madeleine (+ 1736), épouse du marquis de Guesbriant, marguillier d’honneur de cette paroisse
►PRIE Louise de Villette, comtesse de (+ 1758)
dont on retrouva les épitaphes, sous forme de plaques de cuivre, soit lors des travaux d’égout du bd Malesherbes en 1861, soit lors du nivellement du quartier.
Deux escaliers mènent à la chapelle basse où s’élève l’autel, en forme de tombeau antique, édifié à l’endroit précis où reposa le roi. Chaque 21 janvier, des messes sont données à son intention. Comme déjà précisé, les ossements des pré-inhumés dans le cimetière et des guillotinés furent rassemblés dans des chambres murées qui forment l'ossuaire.
En 1796, deux ans après sa fermeture, ce cimetière fut vendu à un menuisier qui le céda à des créanciers qui le revendirent le 3 juin 1802 à Pierre Louis Desclozeaux (► Chapelle expiatoire)
En 1815, après que les corps du roi et de la reine eurent été transférés à la basilique Saint-Denis, les restes mortels de tous ceux et celles qui occupaient les fosses étaient réputés avoir été transportés dans une fosse commune de la plaine Monceau avant d’intégrer les Catacombes.
Mais, en 2018, stupéfaction et grande émotion ! Afin de vérifier ce qu’il soupçonnait à la suite de différentes recherches, l’administrateur de la chapelle expiatoire, Aymeric Peniguet de Stoutz, fit appel à Philippe Charlier, médecin légiste et archéo-anthropologue. A l'aide d'une caméra endoscopique, dans des chambres de la chapelle basse, jusque là insoupçonnées, ils découvrirent des sortes de coffres mais aussi... des ossements !
Voilà qui corrobore ce qu’avait exigé Louis XVIII peu avant la construction du monument en 1815 : « […] ne déplacer aucune terre saturée de victimes ».
► Le troisième cimetière ou cimetière révolutionnaire (3 sur le plan ) Actuel square Louis XVI
► Le deuxième cimetière ou « grand cimetière des pauvres (2 sur le plan)
Isolé dans les marais, très étendu, on en utilisa qu’une bande rectangulaire d’environ 45 mètres sur 19 qu’on clôtura d’un mur d’environ 2.65 m de haut. Ouvert en 1721, il reçut dès lors près de 160 corps par an. Il avait donc déjà accueilli plusieurs milliers de dépouilles quand il fut choisi pour devenir le premier cimetière de la Révolution.
D’abord installée place du Carrousel, à partir de la mi-août 1792 où elle resta neuf mois, n’étant déplacée que pour l’exécution de Louis XVI, la guillotine fut ensuite dressée, mi-mai1793, place Louis XV, rebaptisée place de la Révolution, et actuelle place de la Concorde.
Fallait-il trouver un lieu d’inhumation pour les victimes ; le cimetière de la Madeleine s’avéra idéal, déjà prêt à l’emploi : outre le terrain encore disponible et la distance raisonnable à parcourir pour les tombereaux, clos de murs, les fossoyeurs pouvaient s’activer à leur besogne en toute discrétion, sans témoin.
Emplacements successifs des trois cimetières. Plan Jaillot 1775
De nos jours, ils seraient là...Google Earth © MCP
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Plan Jaillot 1775
I Fosse des victimes du 30 mai 1770
II Première fosse où furent inhumées les victimes des Tuileries du 10 août 1792
III Seconde fosse où furent inhumées les victimes des Tuileries du 10 août 1792
IV Tombe de Louis XVI et de Marie-Antoinette
V Tombe de Charlotte Corday
VI Grande fosse où fut, entre autres, inhumé Philippe Egalité
VII Grande Fosse
Au rythme où fonctionnait la "décoiffante", le cimetière se remplit très vite.
Déjà, lors des grandes chaleurs de l’été 1792, les habitants de ce quartier s’étaient plaints des odeurs épouvantables qui en émanaient. Un citoyen du quartier du Roule, dans la séance de sa section du 17 juillet 1793, avait proposé d’adresser à cet égard une réclamation au conseil de la Commune.
Mais le lendemain, un membre de la même section fit observer que l’arrêté pris la veille était « dangereux, impolitique et capable d’accréditer les bruits faux que les ennemis du bien public font courir en disant que la peste règne sur Paris » !
Finalement, les exigences hygiéniques et le malaise de ce quartier chic l’emportèrent. Il ferma définitivement le 25 mars 1794 pour être remplacé par le cimetière des Errancis ou de Monceau.
Parcours des tombereaux de la Place de la Révolution au cimetière de la Madeleine © MCP
Emplacement de la maison de Desclozeaux par rapport au cimetière
29 décembre 2019
(Nouvelle édition)
LES CIMETIÈRES DE LA MADELEINE
Deux disparus. Le 3ème, toujours visible, appartient aux cimetières de Révolution française
Chambres découvertes dans la crypte. En bleu, observation par caméras médicales.
© Archives nationales/ M. l’administrateur de la chapelle expiatoire
Le jardin intérieur, surélevé, est constitué de la terre tamisée de l’ancien cimetière dont les limites sont marquées, sur deux côtés, par des cénotaphes rappelant la mémoire des gardes suisses tués le 10 août 1792 lors de la prise des Tuileries. Chaque stèle est ornée d’un sablier ailé symbolisant la fuite du temps. Les décors de pavots et les branches de cyprès représentent le repos éternel et le deuil.
Après leur exhumation en 1815, Louis XVIII fit élever aux frais de la Nation une chapelle, dite Chapelle Expiatoire, par Le Bas et Fontaine. Sa construction dura de 1816 à 1826. En mai 1871, la Commune décréta sa démolition. Heureusement, faute de temps, le décret ne fut pas appliqué. L'édifice fut classé monument historique en 1914.
L’ensemble des aménagements recouvre l’emplacement de l’ancien cimetière. A la belle saison, on peut y voir fleurir les rosiers préférés de Marie-Antoinette.
Le pavillon d’entrée marque de façon solennelle l’accès au site.
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La maison de Desclozeaux a disparu mais, de nos jours, un arbre indique son ancien emplacement.
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La chapelle
Erigé par Pierre Fontaine (1762-1853), l'édifice s'inscrit dans un projet architectural complexe composé d’emprunts au néoclassique, à l’Antiquité, au Moyen Âge et à la Renaissance dont le résultat est une œuvre singulière dédiée à la prière et au souvenir.
Le dessin du dallage fait écho à la forme la coupole principale aux caissons carrés.
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Sources principales :
Tous mes remerciements à Aymeric Peniguet de Stoutz, administrateur du site de la chapelle expiatoire , pour toutes les précisions qu'il m'a aimablement apportées.
-Dépliant donné lors de la visite
Dans une composition très symétrique, quatre pendentifs en bas-relief, signés François-Antoine Gérard (1760-1843), illustrent la Passion du Christ, l’Eucharistie, la Trinité et les Tables de la Loi. Le tympan du grand arc, du même auteur, représente la translation des ossements du couple royal à Saint-Denis.
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Deux groupes de statues en marbre blanc représentent respectivement Louis XVI et Marie-Antoinette. Offerts par la duchesse d'Angoulême, ils furent installés en 1834-1835.
Le groupe sculpté par Joseph Bosio (1768-1845) montre le roi montant au ciel soutenu par un ange.Son testament est gravé sur une plaque en marbre noir du piédestal.
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Face à lui, l’œuvre de Jean-Pierre Cortot (1787-1843) montre la reine agenouillée devant la Religion. Sa dernière lettre, adressée à Madame Elisabeth, est gravée sur une plaque en marbre noir du piédestal.
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L'autel © MCP
A droite et à gauche, les murs de l’ossuaire découvert en 2018 © MCP
Orifices pour le passage de la caméra endoscopique qui a permis la découverte de l’ossuaire et tenté d'en déterminer la hauteur © MCP
Dans la sacristie, un petit confessionnal a été intégré dans un placard.
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Les galeries latérales, en contrebas de la cour intérieure, protègent des stèles funéraires murales.
https://www.art-et-decouverte.fr/visites/04/16/chapelle-expiatoire-a-paris.htm
En juin 2020, les choses semblent se préciser : les ossements des guillotinés inhumés dans le cimetière et de ceux qui les précédaient pourraient bien avoir été rassemblés entre les murs de la chapelle expiatoire : "quatre ossuaires constitués de caisses de bois vraisemblablement tendues de cuir, remplies d'ossements humains" ont été vues a précisé l'administrateur du lieu. Au regard du peu d'intérêt qu'apporteraient des fouilles complémentaires, aucune ne sera faite dans l'avenir.
Louis Desclozeaux, magistrat royaliste, habitait rue d’Anjou une maison voisine du cimetière. Il avait noté l' endroit où avait été enterré le couple royal qu’il indiqua à Louis XVIII lorsque ce dernier entama les recherches des deux corps.
Y furent inhumés, entre autres...
► BOYER-FONFRÈDE Jean-Baptiste
► BRUNET Gaspard Jean Baptiste de
► GENSONNÉ Armand
► ROLAND Manon
► VERGNIAUD Pierre Victurnien
Mais aussi...
►Suisses massacrés aux Tuileries le 10 août 1792 (Une bonne partie des)
►Les 103 personnes écrasées ou étouffées lors du feu d’artifice tiré le 30 mai 1770 à l’occasion du mariage du dauphin Louis et de Marie-Antoinette.
La chapelle expiatoire
Témoin des heures tragiques de notre histoire, l'endroit demeure émouvant. Connue pour célébrer la mémoire de Louis XVI et de Marie-Antoinette, la découverte des ossements lui donne un sens nouveau comme nécropole révolutionnaire au même titre que le cimetière de Picpus bien que les dépouilles aient été deplacées de leurs fosses d'origine.
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