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COUVENT DES FILLES DE LA VISITATION SAINTE-MARIE DE CHAILLOT (Paris) (disparu)
Gravure anonyme v. 1774
De nos jours, grosso-modo, il serait là, face à la tour Eiffel © Google Earth/MCP
Comment du couvent, tapi dans ses jardins comme dans un nid de verdure, en arrive-t-on à un lieu emblématique de Paris, le Trocadéro ?
L’histoire commença en 1583 quand Catherine de Médicis acheta et transforma un ermitage situé sur la colline de Chaillot, renommé « Catherinemont ». Etienne Dupérac (v. 1520-1604) se chargea des
travaux : une villa « en U » avec des jardins en terrasse et une cour en forme d'hippodrome. Toutefois, la reine n'en profita pas longtemps puisqu’elle mourut en 1589, l’année suivant le début du chantier.
Le « Catherinemont » vers 1688 -Gravures de l'Epoque moderne présentées dans : Pascal Ory, "Le Palais de Chaillot", Cité de l'architecture et du patrimoine, Aristeas / Actes Sud, 2006
Achetée en 1613 par Pierre Jeannin (v.1540-1623), premier président du parlement de Paris, puis, en 1630, par le maréchal de Bassompierre, les héritiers de ce dernier vendirent la propriété par adjudication en 1651 aux Visitandines à l'initiative d'Henriette-Marie de France qui y établit une communauté. Il s’agissait de la troisième de l'ordre, après celles des rues Saint-Jacques et Saint-Antoine, la maison-mère.
Réuni à Paris par un édit de juillet 1659, Chaillot devint un des faubourgs de la capitale.
Charles-Léopold Grevenbroeck (16..-1758) v.1743 – Paris-Musée Carnavalet
Agrandissement de l’illustration précédente © MCP
Le plan suivant (1688) des Archives nationales nous montre bien le monastère s’étendant à l’ouest de l’église avec son cloître sur lequel ouvrait le réfectoire, l’économat, la dépense et la cuisine.
De nombreux tableaux incrustés dans les boiseries de la vaste salle d’assemblée, représentaient la famille Stuart.
Un peu plus loin se situaient la Prévôté royale de Chaillot avec sa salle d’audience et la prison. Enfin, le long de la Seine s’étendait une terrasse avec deux pavillons d’agrément : le cabinet des glaces et le cabinet de porcelaine construits en 1735 et 1736 par la duchesse d’Orléans, épouse du Régent.
Le long de son mur ouest se situait le couvent des Minimes de Chaillot ou des Bonshommes.
Plan 1688 -Archives nationales
Eglise - Plan de 1688 © MCP
En 1681, Pierre Bullet (1639-1716) établit les plans de l’église. Avec son mari, Nicolas de Frémont, conseiller du roi, grand audiencier de France et garde du Trésor royal, Geneviève Damond en fit débuter les travaux : chœur et avant chœur. A sa mort, sa fille, épouse du maréchal duc de Lorge, les fit achever.
Vue panoramique de la partie centrale de l'exposition
Archives nationales - F/12/11919 - Pièce 11
21 février 2021
Palais du Trocadéro bâti pour l’exposition universelle de 1878 -Auteur inconnu
►ESTE-MODÈNE Marie-Eléonore Béatrice d’ (1658 - 7 mai 1718)
https://www.viator.com/fr-FR/Paris-attractions/Trocadero/d479-a591
A la mort de Louis XIV, le Régent la laissa vivre dans son exil doré, au château de Saint-Germain-en-Laye où elle mourut d’un cancer du sein. Elle était la mère de Jacques François Stuart (Jacques III).
Son cœur resta à Chaillot et ses entrailles, ou viscères, furent partagées entre le collège des Ecossais et l’église de Saint-Germain-en-Laye. La plaque de son cercueil fut achetée en 1878 par le British Museum.
Maréchal de France
 
Frère du maréchal de Duras, capitaine au régiment de cavalerie de Turenne, son oncle, il servit dès 1644 en Flandre, puis en Allemagne jusqu’en 1651, suivant jusqu’au bout le parti de la Fronde. Rentré en France après la paix, nommé maréchal de camp, il servit de nouveau en Flandre. Lieutenant général des armées et commandant de Rheinsberg (1673), il servit en Allemagne sous les ordres de Turenne, jusqu’à la mort de celui-ci, où il aida à la retraite.
Fait maréchal de France et capitaine de la 3e compagnie des gardes du roi (1676), il fit partie des généraux de l’armée de Flandre pendant encore deux ans.
►LHUILLIER Hélène Angélique (†1655)
Supérieure du couvent, à sa mort, la chapelle n’étant pas encore construite , elle fut inhumée dans une grotte.
Conservé pendant une soixantaine d'années, le bâtiment était l'objet de nombreuses critiques tant sur son style architectural, son progressif délabrement que sur sa mauvaise acoustique de sa grande salle, rapidement désertée par les orchestres.
Démantelé en 1935, en vue de l'exposition universelle de 1937, afin de laisser la place à un nouvel édifice, le palais de Chaillot qui reprit l'essentiel de l'ossature de l'ancien édifice. Seule la partie centrale du palais du Trocadéro laisse la place à une esplanade. Les architectes et grands prix de Rome Jacques Carlu (1880-1976), Louis-Hippolyte Boileau (1878-1948) et Léon Azéma (188-1978) furent chargés du projet. Le résultat est impressionnant.
Le Palais de Chaillot abrite plusieurs musées : le musée de l'Homme, de la Marine dans son aile ouest, le Théâtre national de Chaillot, ainsi que la Cité de l'architecture et du patrimoine dans son aile est. La Cinémathèque française, logée à Chaillot entre 1963 et 2005, se trouve dorénavant à Bercy .
https://www.britishmuseum.org/collection/object/H_1878-1101-115
Y furent inhumés, entre autres…
 
►COLBERT Louise Antoinette (1631-1698)
Sœur du ministre Colbert, elle fut successivement prieure à la Visitation de Rouen, supérieure à la Visitation de Chaillot et de la rue Saint-Antoine.
►LORGE Guy Aldonce II de Durfort, duc de (1630 - 22 octobre 1702)
Fille d'Alphonse IV d'Este, duc de Modène, et de Laure Martinozzi, l'une des nièces du cardinal Mazarin, en 1673, elle épousa à Londres le duc d'York, futur Jacques II d’Angleterre, de vingt-cinq ans son aîné et veuf. Cette union, encouragée par Louis XIV, était plus que brillante pour une petite princesse italienne dont le seul avantage était d'être la fille d'un prince souverain. Très rapidement, elle donna des enfants à la couronne d'Angleterre. Cependant, malgré sa dignité et sa discrétion, le seul fait d'être catholique, la rendit très vite impopulaire. Devenue reine consort, à la suite de la « Glorieuse Révolution » (1688-1689), elle suivit son mari dans son exil en France où elle conquit l’estime du roi qui lui réservait une place d’honneur lors des événements importants célébrés à Versailles.
Veuve, elle passait  l'été auprès des des visitandines de Chaillot.
Epitaphe des entrailles au collège des Ecossais © MCP
Présent avec le roi au siège de Luxembourg (1684), envoyé l’année suivante en ambassade en Angleterre, il fut nommé commandant en Guyenne « avec les honneurs du gouvernement ». Rappelé en 1689 pour commander l’armée d’entre Meuse et Alsace, puis celle d’Allemagne, il y resta sans discontinuer jusqu’en 1695.
Entre temps, il fut fait chevalier de l'ordre du Saint-Esprit (1688), chevalier de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis, et duc de Lorge par érection de son comté de Saint-Quentin (1691). Il se retira après sa dernière campagne en Allemagne, et ne servit plus.
Cinq jours après son décès en son hôtel parisien, il fut inhumé dans le caveau de la chapelle de Ste-Geneviève du couvent. Son cœur fut déposé aux religieuses de Conflans. Il laissait deux fils, dont le futur maréchal de Randan.
Mais aussi les cœurs de :
 
►DAMOND Geneviève († 1703)
Epouse de Nicolas de Frémond dont la fille épousa le maréchal de Lorge.
 
►ESTE-MODÈNE Marie-Eléonore Béatrice d’
 
►HENRIETTE MARIE DE FRANCE
 
►JACQUES II d’ANGLETERRE
 
►ROCHECHOUART DE MORTEMART Marie-Christine de (?- ?)
Sœur de la marquise de Montespan. et religieuse à Chaillot.
 
►STUART Louise-Marie
 




Sources principales :
 
-Epitaphier du vieux Paris -Tome XII
-Dictionnaire historique des rues de Paris de Jacques Hillaret- Ed. du Cherche-Midi (1963)
-Dictionnaire des maréchaux de France -Ed. Perrin (2000)
(*) commentaire(s)
Les guides du 18ème siècle ne décrivant guère le couvent, le peu que nous en connaissons provient des déclarations et inventaires faits le 4 juin 1790 et le 15 juin 1798. D’une façon générale l’ornementation ne présentait que peu d’intérêt artistique.
En revanche, le souvenir de la famille Stuart y était largement conservé. Par un escalier en chêne on parvenait à une grande tribune au milieu de laquelle se trouvait un sarcophage en bois, entouré d’une balustrade, contenant la dépouille de Marie d’Este-Modène. Un autre coffre, aux armes d’Angleterre contenait le cœur d’Henriette Marie de France, un autre celui de Marie d’Este-Modène, et un dernier celui de sa fille, Louise Marie Stuart. Deux grands tableaux, peints par Rigaud, représentaient en pied Marie d’Este-Modène et son fils, Jacques François Stuart.
Fermé à la Révolution et bien ébranlé par l’explosion de la poudrière de Grenelle en août 1794, il fut rasé peu après.
 
Plusieurs projets se succédèrent sans aboutir, notamment l’ambitieux Palais du roi de Rome, souhaité par Napoléon Ier pour son fils, qui devait être une cité palatiale à l’échelle de Versailles. Mais les travaux furent  stoppés à la chute de l’Empire. Toutefois, le sommet de la colline avait commencé à être nivelé et les pentes à être aménagées.
Afin d’exalter la campagne d’Espagne, à la fin de laquelle le duc d’Angoulême avait pris un petit fort dans la baie Cadix, appelé Trocadéro, Charles X envisagea d’ériger un obélisque, placé au centre d’un bel ensemble architectural qui se serait appelé la villa Trocadéro. Le projet resta sans suite, mais le nom de Trocadéro demeura appliqué à cet endroit.
 
Finalement, ce fut grâce aux Expositions universelles que s’ouvrirent de nouvelles perspectives architecturales. Les travaux d’Haussmann dans le quartier entraînèrent un aplatissement du sommet sur lequel Jules Bourdais (1835-1915) et Gabriel Davioud construisirent le palais Trocadéro pour l’exposition universelle de 1878. Il s’agissait d’y accueillir une salle des fêtes et des galeries. Ce palais se composait d’une grande rotonde centrale, flanquée de deux tours carrées -comme des minarets- et de deux ailes courbes dirigées vers la Seine. Sa polychromie -marbre rouge et pierre blanche-,  mais aussi son style néo-byzantin, correspondaient à l’esprit un peu fantaisiste des Expositions universelles.
TOMBES SÉPULTURES DANS LES CIMETIÈRES ET AUTRES LIEUX
par Marie-Christine Pénin
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