Ce terrain était naguère consacré à la culture ; une moitié était encore en plate-bandes et l’autre conservait encore les traces de sillons interrompus çà et là par des tranchées ouvertes dont quelques unes avaient été remplies peu avant ainsi que l’attestait la terre récemment remuée et fort mal nivelée en certains endroits. Il est vrai que la guillotine travaillait plus vite que la pioche du fossoyeur ! Point de tombe, puisqu'après avoir été alors dépouillés de leurs vêtements, les corps étaient précipités dans une fosse commune. Un registre des effets personnels était tenu, effets qui devaient ensuite être remis à l’Hôtel Dieu.
De temps à autre, les fossoyeurs descendaient dans les fosses en cours pour ranger les cadavres de façon à ce qu’ils ne soient pas trop entassés. Ils plaçaient alternativement un corps, le tronc tourné vers la paroi de la fosse, et un autre, le tronc tourné vers le milieu de la fosse.
Le temps faisant son œuvre, on comprend pourquoi il fut impossible à Louis XVIII de retrouver les restes de sa sœur Mme Elisabeth. Le cimetière continua à être utilisé lors de la réaction thermidorienne et sous le Directoire où on l’affecta en août 1796 aux inhumations de la population des quatre premiers arrondissements de Paris (rive droite) de l’époque en remplacement du cimetière de la rue Pigalle.
Finalement, suite à une protestation des habitants du quartier, il fut fermé le 23 avril 1797 et remplacé par le cimetière de la rue Pigalle qui venait de rouvrir. Le terrain fut alors morcelé. Un bal, celui de la Chaumière s’installa sur son emplacement jusqu’en 1860.
Une première exhumation des ossements, pour les transférer vers les Catacombes, eut lieu sous la Restauration en 1826. Tous n’ayant pas été retirés, on en retrouva en 1844, 1859, 1863 et 1879 au fur et à mesure de l’aménagement du quartier.
De ce triste endroit, il ne reste qu'une plaque vissée sur le mur du n° 97 de la rue de Monceau.