Comme une longue litanie burinée dans le bronze, les 504 noms des victimes étaient gravés. Restait à les inhumer.
La galerie souterraine, construite à l’origine pour recevoir les conduits d’alimentation de la fontaine, avait été transformée en caveaux funéraires. Semi-circulaires et placés de chaque côté du canal, ils sont au nombre de deux, chacun contenant deux compartiments.
Pour l’occasion le gouvernement fit les choses en grand, en très grand. Pour commencer, les restes exhumés des 504 défunts furent placés dans cinquante cercueils déposés sur un char tiré par vingt chevaux richement caparaçonnés. Toute la journée fut ponctuée par des coups de canon.
On avit commandé une symphonie à Hector Berlioz qui composa la Grande symphonie funèbre et triomphale. Il fallait le voir en uniforme de la Garde Nationale, en marchant à reculons et dirigeant une grande fanfare militaire de deux-cents musiciens qui accompagnait le cortège. Le talent de Victor Hugo fut aussi mis à contribution qui écrivit un hymne aux morts de Juillet. Cette même poésie sera resservie au moment du centenaire de l’auteur en 1902:
Ceux qui sont morts pour la patrie
Ont droit qu’à leur cercueil la foule vienne et prie,
Entre les plus beaux noms leur nom est le plus beau,
Toute gloire, près d’eux, passe et tombe éphémère,
Et come ferait une mère,
La voix d’un peuple entier les berce en leur tombeau.
Sur la place des tribunes avaient été dressées.