Sur la destruction des tombeaux, en plus du témoignage de Millin, il existe le suivant tiré de : Pour une histoire monumentale de l’Abbaye de Cîteaux, chapitre écrit par Marie-Françoise Damongeot et Martine Plouvier : Cîteaux-nécropole : la « Saint-Denis bourguignonne » (Martine Plouvier et Alain Saint-Denis 1998) :
« Ces tombeaux étaient en marbre ; on a enlevé les marbres, et on a laissé les os pour que le public puisse en faire des castagnettes. Le cœur de Calixte II, pape était placé derrière le maître-autel dans un obélisque (sic) en pierre commune ; on a laissé le tout à l’adjudicataire pour en faire son profit […] Dans une chapelle de l’église, dédiée à tous les saints, il y avait une gloire à la Bernine (sic) ; un tombeau en l’air et en saillie au-dessus de l’autel, et soutenu par deux anges presque de grandeur naturelle, et qui paraissaient se soutenir eux-mêmes à l’aide de leurs ailes, portaient et soutenaient le tombeau chacun de leur côté ; il renfermait beaucoup de reliques. Tout a été vendu […] Le tombeau d’Alix et ses os sont restés avec les décombres parce que la matière en pierre ne méritait pas d’être conservée… » .
Le seul rescapé fut le magnifique monument du sénéchal Philippe Pot.
Les fondateurs
►ROBERT DE MOLESMES (v.1029 – 1111)
Premier abbé. Issu d’une riche famille champenoise, moine bénédictin et prieur de Montier-la-Celle (Aube), puis abbé de Saint-Michel de Tonnerre (Yonne) et prieur, peu de temps, de Saint-Ayoul de Provins (Seine-et-Marne), obsédé par un désir d'absolu, son ambition était de renouer avec l'idéal monastique de saint Benoît de Nursie, fondé sur la prière, le dépouillement et le travail. D'autre part, il voulait mettre un frein aux dérives laxistes des abbayes clunisiennes, sevrées de dons et enclines à rechercher le confort.
Quand Albéric et sa poigné d’ermites, de la forêt voisine de Collan, l'invitèrent à partager leur vie pauvre et retirée, il accepta. Dès 1075, il entreprit avec eux la fondation d'un nouveau monastère à Molesmes (Côte-d’Or) . Le succès fut immédiat et si grand que Robert se trouva placé à la tête d'un ordre monastique alors qu'il rêvait d'une vie pauvre et simple. Rapidement, la maison attira beaucoup de donations et s'enrichit, mais aussi de nouveaux moines, rétifs à tant d'austérité. La discipline se relâchant, Robert essaya de la restaurer, mais les moines se rebellèrent contre lui. Il se démit de sa charge, laissant l'autorité à son prieur, Albéric. En 1098, voyant que la réforme n'était toujours pas possible à Molesme, il obtint l'autorisation de fonder un nouveau monastère avec une vingtaine de moines animés du même idéal que lui. Si l’abbaye de Cîteaux porta d’abord le nom de « Nouveau Monastère », ce fut en référence à Molesme dont elle était issue.
Homme de Dieu et de paix, il fut inhumé en grande pompe dans l’église abbatiale de Cîteaux, en présence des abbés et des grands du voisinage. Son tombeau suscita des miracles dont le nombre s’accrut lors de la translation de son corps, à la fin du 12ème siècle. Il fut canonisé en 1222.
►ALBÉRIC DE CÎTEAUX († 1109) : un léger doute sur la présence de sa tombe.
Deuxième abbé. Ermite, avec cinq de ses compagnons, il invita Robert de Molesme à fonder avec eux un monastère qui vivrait intégralement la règle de saint Benoît. Robert guida ces ermites jusqu'à la forêt de Molesme et y fonda une communauté monastique en 1075. Ce monastère attira de nombreux moines qui se révélèrent peu fidèles à la règle. En conséquence, la communauté de Molesme se divisa et les moines s'opposèrent à Robert et Albéric. Lors d'une des absences de Robert, les moines emprisonnèrent même Albéric pour avoir le champ libre. En 1093, Robert quitta le monastère avec Albéric et Etienne Harding. En 1098, vingt-et-un moines quittèrent Molesme pour les rejoindre permettant ainsi la fondation d’un nouveau monastère : Cîteaux. D’abord prieur, succédant à Robert, sous son abbatiat la règle bénédictine fut rendue plus austère encore. Son œuvre la plus durable fut l'obtention de la protection papale pour la fondation naissante. Il introduisit le capuchon blanc dans l’habit des moines, qui devint leur signe distinctif.