31 juillet 2023
C’est finalement à la capitale et à son diocèse, qu’il consacra son plus grand ouvrage : l’Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris (15 vol. 1754-1758), d’une incomparable richesse de détails. A une époque où le diocèse Paris comprenait quatre cent cinquante paroisses, sans compter Paris et sa banlieue, un tel ouvrage demandait la lecture attentive d’un nombre prodigieux de titres, de cartulaires, de livres imprimés et manuscrits; il fallait consulter les bibliothèques publiques, les archives des châteaux et des établissements religieux, travail qu’il compléta en vérifiant sur place l’exactitude des informations. Une pareille tâche semblait ne pouvoir être accomplie par un seul homme, et pourtant l’abbé triompha de toutes ces difficultés. Recueillant avec soin sur son passage les traditions des localités qu’il visitait, il savait avec un rare discernement démêler la vérité au milieu de toutes les erreurs que l’ignorance des siècles qu’il étudiait y avait si souvent accumulées. Rien d’utile n’échappa à ses patientes investigations : géographie du moyen-âge, archéologie gallo-romaine, numismatique, philologie, historie littéraire, critique des sources, hagiographie, histoire des mœurs et des coutumes, etc.Néanmoins, conscient de certaines imperfections dans la rédaction de son ouvrage, à la veille de son décès, il avait préparé une nouvelle édition qui ne fut pas poursuivie. Entre 1883 et 1893, Adrien Augier et Fernand Bournon achevèrent cette dernière édition, complétée de notes, de corrections et d’indications sur ce qu’il était advenu des églises après la mort de Lebeuf notamment à la Révolution.
►MERAULT Jérôme († 1637)
Fils du suivant, conseiller au parlement de Dijon, puis avocat à la cour des Aides de Paris.
►MERAULT Pierre († 1630)
Conseiller du roi, correcteur en la chambre des Comptes, puis receveur des consignations des requêtes du palais.
►NICOLAS Robert († 1543/1544)
Seigneur de Charonne, marchand et bourgeois de Paris.
►PATROUILLART Claude (v. 1527-1610)
Marchand mercier et bourgeois de Paris, il fut maître et gouverneur de l’église du Saint-Sépulcre. Inhumé avec sa femme Antoinette de Berry († 1574).
►POITEVIN Jean († 1402)
►ROLAND Joachim († 1549)
Seigneur de Feucherolles (Yvelines), marchand et bourgeois de Paris.
►SCOPPART Jean († 1560)
Conseiller du roi et auditeur des Comptes.
►SÉGUIER Blaise († 1510)
Appartenant à la célèbre famille de magistrats, ce « Séguier » là était marchand apothicaire et bourgeois de Paris. Sa présence ici peut étonner car Seigneur de l’Etang-la-Ville, il avait fait élever une chapelle dans l’église de la commune destinée aux seigneurs du lieu. Sa femme, Catherine Chesnard († 1477), était la fille de Jean Chesnard et de Thomasse Pigache.
►SOLLY Bertrand († 1519)
Marchand et bourgeois de Paris, « monnayer » (frappeur) des monnaies du roi et du serment de France (terme qui désignait la principale association des ouvriers français) et gouverneur de l’église du Saint-Sépulcre. Plusieurs membres de sa famille reposèrent en cette église
►VILLIERS Nicolas de († 1529)
Ecuyer, seigneur du « Plessis-les-Chars en Champagne » . Inhumé avec sa femme Catherine Laisné († 1547)
Sources principales :
-Epitaphier du vieux Paris- Tome XII
-Dictionnaire historique des arts, métiers et professions exercés dans Paris depuis le XIIe siècle d’Alfred Franklin (1906)-L’histoire religieuse au XVIIe siècle. -L’histoire de l’Église, ou histoire ecclésiastique, et les Collectiones conciliorum par Bernard Chédozeau -Littératures classiques (2001) pp. 163-180
-https://blog.paris-libris.com/lebeuf-abbe-jean-histoire-de-la-ville-et-de-tout-le-diocese-de-paris/
-https://www.histoires-de-paris.fr/saint-sepulcre/
-http://paris-bise-art.blogspot.com/2020/07/la-maison-batave-ou-cour-batave.html
ÉGLISE DU SAINT-SEPULCRE (Paris) (disparue)
Aux 12ème et 13ème siècles, les croisades en Terre Sainte donnèrent lieu à la fondation de confréries de pèlerins qui venaient d’accomplir le vœu de visiter le saint tombeau du Seigneur à Jérusalem. Une part des fonds recueillis par celles-ci était destinée à envoyer et à entretenir des soldats en Terre Sainte et l’autre part servait à la construction d’églises. En 1323, Louis de Bourbon, comte de Clermont et de la Marche, grand chambellan de France, acheta une « place vide » appartenant à Jean de Chaumont et Jeanne Maupetite.
Située rue Saint-Denis, presqu’en face du cimetière des Saint-Innocents, la place jouxtait l’abbaye Saint-Magloire. En 1326, Louis de Bourbon donna cet emplacement à la confrérie du Saint-Sépulcre pour y construire une église. En mai, avec le consentement d’Hugues de Besançon, évêque de Paris, Guillaume, archevêque d’Auch, posa la première pierre en la présence de Clémence, reine de France, d’Isabelle, reine d’Angleterre, accompagnées de Blanche de Bretagne, veuve de Philippe d’Artois.
De nos jours, elle se situerait au niveau du n° 60 de la rue Saint-Denis.
Dès 1328, l’église se vit attribuer des fonctions curiales. L’année suivante, les confrères obtinrent la permission d’avoir des cloches et un cimetière.
L’église accueillit tout d’abord une confrérie très puissante : la confrérie du Saint Sépulcre. Fondée en 1330 par Louis de Clermont, elle se réunit pour la première fois à l’Hôtel de Bourgogne, accueillant alors 800 personnes.
Ses textes d’origine prévoyaient une organisation autour de quatre gouverneurs et douze conseillers. Les directeurs étaient élus pour une durée d’un an. Cette cérémonie se déroulait au mois de juin, le jour de la fête du bâton qui était le signe de l’autorité de la confrérie.
Toutefois, la cohabitation entre les confrères et les chanoines se passaient mal.
Outre celle du Saint Sépulcre, l’église hébergeait de nombreuses autres confréries qui rappellent des métiers médiévaux disparus que j’ai toujours plaisir à évoquer, telle la confrérie des :
-archers de la ville
-armuriers
-chaudronniers
-cuisiniers
-découpeurs et égratigneurs
-gainiers : fabricants de carquois pour les archers, d’écrins pour objets précieux, de fourreaux pour les épées, couteaux,…
-merciers
-peintres
-pèlerins de Notre Dame de Montferrat
-portefaix de la Halle : porteurs de toutes sortes de fardeaux sur des crochets d’où leur appellation aussi de « crocheteurs »
-poulaillers et marchands de beurre
-patenôtriers d’émail : fabricants de chapelets alors appelés patenôtres, nom issu de la prière Pater Noster
-sculpteurs et graveurs
-selliers
-taillandiers
-teinturiers en toile
-tondeurs de drap(s) :le métier consistait à lustrer et lisser les étoffes et les draps pour les rendre plus unis et plus ras (tondage)
-vanniers
-vinaigriers
La folie des croisades étant apaisée, la dotation du prince ne servit plus qu'à entretenir un chapitre de chanoines dont le plus célèbre est l'historien : l’abbé Lebeuf.
L’église, achevée en 1327, était bien orientée. Parmi les œuvres remarquables qui l’ornèrent avec le temps on notera :
-le portail occidental, surmonté d’un campanile, sur la rue Saint-Denis : en arc brisé, il était regardé comme l’un des plus beaux de son temps.
A la fin du 18ème siècle
-la délicate grille en bois fermant le chœur œuvre d’Antoine Le Pautre (1659-1744)
-une représentation assez rare dans l’iconographie : la Vierge entourée des figures citées dans les litanies comme la lune, le soleil, l’étoile du matin, la tour d’ivoire, etc. Sous ses pieds, on voyait David jouant de la harpe.
-une Résurrection du Christ de Charles Le Brun offert par la confrérie des Merciers. On y voyait Louis XIV et derrière lui, tenant un des coins d’un linceul, Colbert protecteur des Arts et des Lettres. De nos jours, le tableau est conservé au musée des beaux-arts de Lyon.
© Rama
L’implantation de boutiques sous des arcades, à l’abri des intempéries, connut d’ailleurs un certain succès à Paris notamment avec la rue de Rivoli un peu plus tard sous le Ier Empire. La cour Batave fut démolie, en 1858, lors de la formation du bd Sébastopol et du prolongement de la rue de la Cossonnerie.
Le seul vestige est l’immeuble situé à l’angle de la rue Saint-Denis et de la rue de la Cossonnerie : sur sa façade est gravée l’inscription « maison batave 1795-1859 ». A l’exception de la frise à l’antique qui court sous la corniche, les façades sont dépourvues d’éléments sculptés, une sobriété caractéristique de l’architecture néoclassique.
© MCP
La frise © MCP
« MAISON BATAVE » © MCP
►DRAC (DRACH) Barthelemy du (1320-1365)
Chevalier et chambellan de Philippe VI, il devint ensuite trésorier des guerres du roi avec le titre de « lieutenant du roi sur les frontières de Flandre et de Hainaut » ou celui de « capitaine pour le roi aux parties de Picardie, de Boulogne et de Calais ». En 1340, il remplissait la même fonction à l'ost de Bovines et l'exerçait encore en 1350 sous Jean le bon. C'est dans un de ses comptes que l'on relève, en date de 1338, qu'apparut la première trace de l'usage de la poudre à canon en France au siège de Puy-Guillaume : « À Henri de Faumechont, pour avoir poudres et autres choses nécessaires aux canons qui étoient devant Puy-Guillaume »
Les chapelles étaient nombreuses, puisqu’en compta jusqu’à seize, la plupart ayant été fondées dès le 14ème siècle.
Le cloître s’étendait derrière l’église avec sa porte principale ouvrant sur la rue Saint-Denis. Il contenait plusieurs maisons dont la plupart étaient habitées par des chanoines qui devaient prendre soin du jardin réservé aux « honnêtes gens ».
En 1672, la confrérie du Saint-Sépulcre fut réunie à l’ordre de Notre-Dame du Mont-Carmel.
A la Révolution, le chapitre se composait de douze chanoines. La dernière réunion capitulaire se tint le 28 septembre 1790 et, le 2 décembre suivant les scellés furent apposés. Après la disparition de l'église, les chevaliers du Sain-Sépulcre choisirent pour église capitulaire l’église Saint-Leu-Saint-Gilles où ils aménagèrent une crypte sous le chœur pour y tenir leur chapitre et y célébrer des offices. Ils y déposèrent un gisant et quelques tableaux provenant de leur ancienne église.
Dispersés à partir de 1828, ils ne réintégrèrent solennellement Saint-Leu que cent ans plus tard sur la demande du Chanoine Panel, le curé d’alors. Depuis, ils occupent une chapelle fermée par une grille.
La cour batave
En 1791, lorsque l’on commença à vendre les biens des communautés religieuses, une compagnie de négociants hollandais acheta les bâtiments de la confrérie. Sur les décombres du cloître, et de toutes les dépendances, on vit bientôt s’élever une suite de maisons de commerce, formant un plan régulier. Sans doute pour rappeler les origines des propriétaires, on donna à cette enceinte le nom de Cour Batave. Elle fut dessinée par les architectes néoclassiques Jean-Nicolas Sobre (1755 / 60 - 1806) et Célestin-Joseph Happe qui dirigèrent les travaux de construction.
Cette vaste cité commerçante avait une entrée monumentale rue Saint-Denis. Elle comportait trois cours dont la première, en arcade, avait une fontaine importante.
►L’ADVOCAT ou LAVOCAT Nicolas († 1626)
Conseiller puis grand conseiller au Châtelet et conseiller d’Etat et privé.
Epitaphier du vieux Paris © MCP
Y furent inhumés, entre autres :
Comme déjà indiqué, en 1329 les confrères obtinrent la permission d’avoir un cimetière mais qui semble ne jamais avoir été établi.
Bien que l’église du Saint-Sépulcre ne fût pas une paroisse, beaucoup de personnes s’y firent inhumer dont un nombre important de bourgeois de Paris, seigneurs ou commerçants et leurs épouses. 89 épitaphes furent retrouvées dont la grosse majorité date du 16ème siècle. La liste qui suit ne reprend que les principales « personnalités », sachant que LA célébrité du lieu est l'abbé Lebeuf.
►BRODEAU Julien (v.1585 – 1653)
Jurisconsulte et célèbre avocat au parlement de Paris, il est l'auteur de plusieurs ouvrages d'histoire du droit. Son Recueil d'aucuns notables arrêts, donnés en la cour de Parlement de Paris, pris des Mémoires de feu M. Maître Georges Loüet fut plusieurs fois réédité. Boileau en fit même mention dans ces vers extraits des Satires, I
« Dois-je, las d'Apollon, recourir à Barthole ?
Et, feuilletant Louet allongé par Brodeau,
D'une robe à longs plis balayer le barreau ? »
►BROULART Pierre († 1414)
Mégissier et bourgeois de Paris où il possédait de nombreuses maisons
►CHESNART Jean (1410 - 1492)
Marchand et bourgeois de Paris, mais aussi conseiller et Garde des Monnaies à Paris de Louis XI, ambassadeur extraordinaire du Roi à Rome auprès du pape Paul II (1417-1471), chevalier de l'Ordre du Saint Sépulcre de Jérusalem.
Inhumé avec sa femme, Thomasse Pigache.
►COPPIN Pierre († 1667)
Parmi ses œuvres, on notera Le Journal sacré de la Vie…de Notre Seigneur. Il traduisit et continua les Annales ecclésiastiques du cardinal Baronius (1538-1607) dont il fit un abrégé avec Henri de Sponde (1568-1643)
►DU PRÉ Lucas († 1538/1539)
Prêtre, chanoine et gardien du trésor de l’église du Saint-Sépulcre, greffier et confrère de la Grande Confrérie aux bourgeois de Paris.
►GARRAULT François († 1595)
Sieur des Gorges, conseiller du roi, président et trésorier général de France au bureau des Finances de Châlons (Châlons-en-Champagne)
►GUYDELLAINE Jean († 1631)
Avocat au parlement de Paris
►HOYSON Jean († 1563)
A défaut d’avoir trouvé la moindre information à son sujet , son épitaphe disait :
►LEBEUF Jean (1687-1760)
Originaire d’Auxerre, noté très tôt pour son sérieux et son amour de l'étude, il fit des études classiques à Auxerre puis à Paris (Sorbonne).Ordonné en 1711, et nommé peu après chanoine honoraire de la cathédrale d’Auxerre en raison de ses titres universitaires, dignité qu’il conservera jusqu’en 1753, une fois assuré son avenir matériel, il entama ses recherches historiques qui allaient le placer parmi les grands érudits du 18ème siècle, monde dont il se fit connaître en étant couronné par l’académie des inscriptions et belles-lettres en 1734.
Bien que l’archéologie fût encore balbutiante, ses connaissances approfondies sur les monuments, lui furent un premier secours.
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