Braine, ancienne terre chargée d’histoire au croisement d’une antique voie romaine, fut très tôt la résidence de plaisance des premiers rois mérovingiens et carolingiens. Une abbaye y fut fondée en 1130. D’abord occupée par des religieux et des religieuses de Prémontré, cette double communauté subsista peu de temps. Seuls les hommes y restèrent.
En, ou vers, 1180, le couple fonda une nouvelle église, sous le vocable de Notre-Dame, en remplacement de l’ancienne dont l’ensemble des travaux se termina en 1216, c'est-à-dire bien après la mort des fondateurs. Leur fils aîné, Robert II, continua leur œuvre. Comme il ne pouvait être envisagé un tel lieu sans reliques exposées aux fidèles, on y déposa celles de saint Yved conservées dans la collégiale du château de Braine depuis le 9ème siècle. Avec le temps, les pèlerins substituèrent le nom de saint Yved à celui de Notre-Dame.
En y faisant inhumer ses parents, dans le respect de leurs vœux, Robert II donna naissance au
« cimetière », au « Saint-Denis » des comtes de Dreux. Dix sépultures royales y trouvèrent place sur lesquelles veillées par des religieux de l’ordre de Prémontré.
Attestant la splendeur des arts du Moyen Âge, ces tombes faisaient l’admiration de tous les visiteurs. Malheureusement, en 1650, les Espagnols, rentrés en France sous la conduite de l’archiduc Léopold-Guillaume de Habsbourg, et auxquels s’était joint le traditionnel lot de pillards et de routiers, vinrent camper à proximité de l’abbatiale qu’ils ravagèrent. Tout fut pillé. Les tombeaux ne furent pas épargnés, dont quelques uns en cuivre doré fort riche, furent totalement détruits et emportés. Enfin, ils mirent le feu au bâtiment qui put heureusement être circonscrit.
Ce que les Espagnols avaient endommagé, mais aussi épargné, allait disparaître dans la tourmente révolutionnaire. L’église qui était devenue paroissiale, fut fermée et ses trésors emportés. Le 7 octobre 1792, le conseil général de la commune autorisa la vente des cuivres et fontes provenant des mausolées.
Un ou deux ans plus tard, un escadron de cavalerie fut installé dans l’église dont on enleva le dallage en même temps que le reste des pierres tombales épargnées par les Espagnols. Grâce à cette circonstance fortuite, les dépouilles, dont l’emplacement n’était plus indiqué, échappèrent à la profanation révolutionnaire. C'est tout du moins ce qui est avancé.
En 1828, la restauration de l’église put commencer. Sollicité pour le financement, le gouvernement Charles X, soucieux de rendre au bâtiment son importance et sa splendeur passées tout en honorant la mémoire des princes et princesses qui y reposaient, se montra généreux. D’autres allocations étaient prévues quand la révolution de Juillet 1830 vint non seulement suspendre les travaux durant deux ans mais, pour acquitter les dettes de l’ancienne administration de Charles X, l’architecte en titre fit démolir une partie de la nef, déjà effondrée pour une portion, et le portail qui avaient fait l’admiration durant plusieurs siècles. Une fois cet architecte sacrilège remplacé, le bâtiment fut classé au titre des monuments historiques et sa restauration reprit de façon conforme à son nouveau statut. Elle se termina en 1837 rendant alors l’église au culte.
Bien que marquée par les vicissitudes l’histoire, et ayant subi d’autres restaurations, elle témoigne encore des premiers âges du gothique. Entre autres, sur le portail sud, La descente aux Limbes, de nos jours au Musée de Soissons-église St Léger.
Privée de quatre travées, la nef à triple élévation s’unit au transept par une tour lanterne remarquable haute de 33 mètres.