Déjà, en 1866, on regrettait qu’il n’existât pas de gravure connue de cette église à la paroisse pourtant importante. Depuis, aucune illustration ne semble avoir été trouvée. La chose est d’autant plus étonnante que son emplacement l’amena à être fréquentée par un grand nombre d’artistes. N'était-elle pas la paroisse de la Manufacture des Gobelins ?
Son mystère ne s’arrête pas là puisque son origine demeure très nébuleuse. Datant peut-être du 11ème ou 12ème siècle, on pense qu’elle n'était qu’une simple chapelle, ou un oratoire, avant de devenir église paroissiale administrée par des prêtres portant le titre de vicaires perpétuels, après le IVe concile de Latran (1215).
On n’en sait guère davantage sur sa construction. L’abbé Lebeuf (1687-1760), historien et érudit, nous apprend que de son temps on voyait « entre le chœur et le sanctuaire des tombes taillées à la manière du XIIe et du XIIIe siècle », sans pour autant relever les épitaphes qui était probablement déjà indéchiffrables.
Bref, que sait-on d’elle ? Davantage d'éléments nous sont parvenus après sa reconstruction.
Dès la fin du 15ème siècle, étant devenue trop petite, il fallut l’agrandir. Bien que les travaux cessent en 1519, elle fut bénie en 1517 avant que de nouvelles tranches d’agrandissements et d’embellissements ne reprennent tout au long du 16ème siècle : chœur parachevé, installation de magnifiques vitraux faisant par la suite l’admiration de Le Brun et de Pierre Mignard, etc.
Le 17ème siècle vit notamment la reconstruction de l’ancien clocher (1672), la mise en place d’un nouveau porche (1681) et le rehaussement de la voûte.
Une chapelle en forme de rotonde fut rajoutée à la droite du chœur au 18ème siècle.
Si elle était bien orientée, à cause de tous ces nombreux remaniements, elle présentait un plan très irrégulier : elle comprenait une nef de cinq travées bordée de bas-côtés, celui de gauche étant plus étroit que celui de droite ; quatre chapelles d’un seul côté de la nef offraient des tailles inégales et des formes différentes ; la voûte du chœur était plus élevée que celle de la nef.
Paroisse de la Manufacture des Gobelins, elle bénéficia des bienfaits de cette famille éponyme de teinturiers, puis de ceux de tapissiers flamands installés à côté. D’ailleurs, dès le début du 16ème siècle, une confrérie y fut fondée pour les ouvriers flamands et allemands et des prédications spéciales y étaient faites en langue flamande avant qu’elles ne se concentrent dans la chapelle de la famille Gobelin.
A défaut d’être grande, elle était bien décorée. Grâce aux libéralités du manufacturier Jean de Julienne, et de l’abbé de Lowendal, frère aîné du maréchal de Lowendal, l’édifice put se doter d’une décoration remarquable : tableaux, autels, grilles, et surtout la chaire, œuvre du sculpteur Simon Challe (1719-1765). Elle était ornée de trophées représentant la Foi, l’Espérance, l’Evangile triomphant et le serpent de l’hérésie terrassé. Plusieurs grands tableaux, dus à Antoine Boisot (v. 1702-1782), Charles Challe (1718-1778) (saint Hippolyte dans sa prison visité par le clergé de Rome venu l’encourager dans son martyre) , Clément et Gabriel Briard (1725-1777), évoquant la vie saint Hippolyte, ornaient le dessus des arcades de la nef. Les piliers de la nef étaient revêtus d’une menuiserie de belle facture.
Le maître-autel fut exécuté d’après des dessins de Charles Le Brun, paroissien et marguillier d’honneur de l’église, qui en supervisa la réalisation. Il avait aussi signé le tableau placé au-dessus représentant l’apothéose de saint Hippolyte. On y trouvait encore deux toiles de Le Sueur.
Malheureusement il n’en reste rien. Désaffectée et fermée à la Révolution (1791), l’église fut vendue, en 1793, à un architecte qui entreprit sa démolition de 1798 à 1807. Seul survivant, un corps de bâtiment aménagé en habitation qui disparut en 1867. Peu avant, comme en témoigne des visiteurs de ses ruines, la chapelle ronde existait encore ainsi que deux caveaux dont l’un contenait un tombeau inviolé qui se révéla être celui d’un religieux. Ils trouvèrent aussi une pierre de fondation aux inscriptions brisées et en partie effacées.