Fondé en 1887, sur l’emplacement d’un ancien magasin à sel, le sanatorium connut un rapide succès obligeant la construction d’un établissement digne de ce nom de 1894 à 1900/1901. La chapelle fut inaugurée en, ou vers, 1896.
Confié aux soins des religieuses de la Charité, ou de Saint-Vincent-de-Paul, devenu une véritable petite ville, en 1897, l’hôpital marin abritait 254 enfants et près de 2000 avaient déjà été guéris. Malheureusement, certains, trop atteints, n’eurent pas cette chance.
Tandis que l’enregistrement du décès se faisait à La Turballe, le corps était transporté au cimetière du Croisic. Mais bientôt, dès 1890, pour palier à ce parcours laborieux, il fut décidé de la création d’un cimetière sur place qui fut autorisé en 1901.
Situé dans les dunes, limité par un muret en granit, abrité du regard et du vent par de la végétation, l’enclos existe toujours. Et ce n’est pas sans émotion que l’on en franchit le seuil.
Dans sa préface de Fleur de sel (1977), Bernard Clavel écrivait :
« A deux ou trois sabotées au nord de Pen Bron, vous découvrirez un jardin d'enfants plus émouvant que tous les crépuscules. C'est un petit enclos entouré de granit et d'une haie de fusains taillés ras et qui sont là pour que le vent ne morde pas directement le sol, pour que ce jardin ne s'ensable pas trop rapidement. Un tamaris torturé par le souffle puissant de l'océan marque l'entrée. Six marches de pierre descendent à la grille qu'on ne ferme jamais.
Les enfants qui sont ici ne s'en iront pas, et nul ne viendra les déranger.
Au centre de l'enclos, une religieuse de quatre vingt six ans veille sur eux qui dorment en écoutant la grande voix de la mer. Chacun a son petit rectangle de sable entouré de planches. Une croix de bois peinte en blanc y est plantée qui porte une date, un âge et un nom. Ils sont là, une centaine. Roger, cinq ans ; Yvette, deux ans ; Simon, dix ans ; Christiane, trois ans; Françoise, six mois ; Denis sept ans ... Ils ne sont pas tristes. Ils ont cessé de l'être. Ils ont le sable et le soleil, et cette bonne sœur qui ne les quitte pas. Cette bonne sœur qui leur montre sans doute des chemins de lumière, des sentiers sans épines et bordés de fleurs plus lumineuses que celles de l'ajonc doré, plus parfumées que les minuscules points multicolores de cette flore des marais ou viennent butiner quelques abeilles sauvages. »
Entre ciel, terre et océan, rien à bouger depuis : une centaine de tombes bien alignées dont celles de religieuses et de sœur Letourneau († 1972), supérieure de Pen-Bron de 1936 à 1963, qui continue à veiller sur les enfants.