Y furent inhumés, entre autres…
Le 9 juin 1780, lors du déménagement des Quinze-Vingts vers l’ancien hôtel des Mousquetaires, 14 cercueils de plomb, une petite caisse de plomb, un cœur de plomb (contenant respectivement les entrailles et le cœur du cardinal de Gondi), 150 sacs d’ossements de personnes inhumées dans l’église, ainsi que des épitaphes et inscriptions furent transportés par charrette.
Le cœur du cardinal Pierre de Gondi fut déposé dans un caveau au pied de l’autel. Les tombes et épitaphes relatives aux familles de Mergeret et de Rolindes, qui avaient récemment acquis une chapelle à Saint-Rémi, furent placés dans des chapelles particulières. Les 150 sacs d’ossements prirent place dans un grand caveau spécialement aménagé entourés des épitaphes et inscriptions.
Quant aux ossements provenant du cimetière, ils furent déposés dans une fosse creusée au cimetière de Clamart.
Malheureusement, si l’on possède de bonnes descriptions de la Maison, les auteurs anciens ne se sont pas étendus sur les sépultures de l’église, qui étaient pourtant nombreuses, pas plus qu’ils n’ont reproduit le texte de quelques-unes des inscriptions commémoratives. Perte historique considérable pour le sujet qui nous préoccupe, mais qui s’explique aussi par l’état de grande détérioration dans lesquelles étaient la plupart des pierres tombales devenues illisibles.
Aucune des 27 épitaphes (à l’origine 35) conservées par les manuscrits, qui datent toutes des 16ème et 17èmesiècles, ne provient du cimetière. Excepté le carditaphe du cardinal Pierre de Gondi, la trace de quelques personnalités importantes en leur temps, dont on sait qu’elles furent inhumées en ce lieu, a également disparu. Ont donc été principalement conservées la présence d’officiers d’administration, d’artisans, de marchands, de veuves, etc.
►GONDI Antoine de (1486 – 1569) et Marie Catherine de Pierrevive († 1574)
Issu d’une très ancienne dynastie de banquiers ou financiers florentins, son père l’envoya en France, à Lyon, pour s'occuper des affaires commerciales de la famille. Il s’y installa et devint, à son tour, banquier, prit part à la vie politique en se mettant, à la fois, au service de l'Église et du roi en tant qu'agent financier. Il y épousa Marie-Catherine Pierrevive dame du Perron, de Brie et d’Armentières. Après 1533, lorsque Catherine de Médicis se rendit à Lyon, peu après son récent mariage avec Henri de Bourbon, elle prit Marie-Catherine à son service en tant que dame d'honneur et , plus tard, en fit la gouvernante de ses enfants. Antoine suivit et devint maître d'hôtel du futur Henri II, charge considérable qu’il conserva jusqu’à la disparition brutale de ce dernier. Puissants à Florence, sous les noms de Gondi ou Retz, les Gondi de France allaient aussi rentrer dans l’histoire de leur royaume d’adoption. A son décès, par sa femme, Antoine avait acquis des titres de noblesse que ses enfants élevèrent encore comme leur fortune : un maréchal de France fait duc, des évêques et cardinaux… Antoine de Gondi, seigneur du Perron mourut en son hôtel du même nom à Paris. Il fut inhumé en l’église des Quinze-Vingts où le rejoignirent sa femme et l’une de ses filles, Méraude de Gondi († 1564).
Grâce à des bribes d’un texte de la commission municipale du vieux Paris, j’ai découvert que les Gondi avait possédé un mausolée d’une belle composition Renaissance, notamment deux pleureuses placées de chaque côté de l’emplacement que dut occuper une plaque. De Jean Goujon ?
►Leur fils, Pierre de Gondi, cardinal de Retz, y fit déposer son cœur. Tombe noire dans le chœur.
►HOEY Anne d’ († 1612)
Le personnage n’offre aucun intérêt pour notre propos, mais il permet de rappeler la mémoire de Julien Perrichon (1566 - v. 1600), dont elle était veuve. Compositeur et luthiste, l’un des meilleurs de son temps, son œuvre comprenait des danses dans les styles dominants, tels que courantes , galliards , voltas , ainsi que des préludes. Valet de chambre et le joueur de luth d’Henri IV, publiée pour la plupart après sa mort, sa musique atteignit une large diffusion jusqu’en Allemagne et en Angleterre. Il mourut prématurément à une date et dans des circonstances encore inconnues. Demeurant sur la paroisse de Saint-Jacques de la Boucherie, peut-être y fut-il inhumé ?
Anne d’Hoey épousa ensuite le dénommé Antoine Oultrebon, musicien ordinaire de la chambre du roi. Tombe dans le chœur.
►HUET Gilles († 1581)
Maître des arts Frère aveugle Notaire au Châtelet Tombe dans le chœur
►LE BRUN Denis († 1623)
Conseiller du roi et auditeur en sa chambre des comptes, il fut l’un des gouverneurs des Quinze-Vingts. Avec lui reposait sa femme, Germaine Laisné († 1595) Tombe dans le chœur.
►LECLERC Jean-Baptiste († 1620)
Seigneur de La Brosse, conseiller et secrétaire du roi
►LE PLASTRE Nicolas († 1585)
Maître des Quinze-Vingts.
►SAUVAGE François et COPIN Marguerite († 1621)
Dont on ne sait rien, mais à l’intéressante épitaphe sur un écriteau sorti d’une croix que tenait un Dieu comme montant au ciel :