Bien qu’ouvert vers 1250, les premiers documents attestant d’une sépulture dans le cimetière remontent à 1465/1467 avec celle d’un Adam Deschamps clerc de Comptes.
Il fut entouré sur trois côtés d’une galerie, analogue à celle d’un cloître, construite vers la fin de la première moitié du 15ème siècle. Les baies, formées par les arcades, furent ornées de vitraux en 1699. Son dessus était utilisé comme charnier et, encore au-dessus, des bâtiments de deux étages servaient de logements aux prêtres de la paroisse.
Avec le temps, le cimetière se trouva divisé en deux. Sa plus grande partie, environ 680 mètres carrés, correspondait au « cimetière des Pauvres », tandis qu’environ 270 mètres carrés correspondaient au
« cimetière des Riches ».
Vers 1763, on comptait près de 250 inhumations par an dont la plupart se faisait dans des fosses communes entre lesquelles se dressaient quelques rares tombeaux individuels.
En 1674, les marguilliers décidèrent de fermer les charniers et d’interdire les inhumations dans les galeries qui, désormais, ne furent plus que celles d’un simple cloître.
Au début du 19ème siècle, la construction du presbytère et l’alignement de la rue des Prêtres-Saint-Séverin firent disparaître deux galeries.
Malgré la modernité des toits à pignon qui recouvrent les galeries encore existantes et restaurées, celles-ci ont le mérite d’être les seules que le Moyen-Âge ait laissé à Paris. L’ensemble est classé.
Le cimetière a été transformé en paisible jardin, restauré dans les années 1920, qu’on aperçoit très bien de la rue des Prêtres-Saint-Séverin.
Le cimetière, témoin d’un exploit chirurgical retentissant
Comme tous les cimetières parisiens, le cimetière St-Séverin eut son lot d’histoires et d’anecdotes de tous poils. Parmi elles, j’ai particulièrement retenu l’exploit chirurgical que fut la première opération réussie de la maladie de la pierre (calculs rénaux) qui eut lieu en janvier 1474.
A l’époque on ne savait comment procéder à cette opération. Louis XI donna son autorisation aux médecins et chirurgiens pour pratiquer un essai sur une personne vivante. Leur choix se porta sur un archer condamné à mort pour vol. Ce dernier, à qui l’on avait promis la liberté en cas de succès, accepta de servir de cobaye. A cette date, la Faculté de Médecine, jusqu’alors sans logis, était en cours d’installation (13 et 15, rue de la Bûcherie)
Ce furent donc les galeries du charnier du cimetière St-Séverin qu’on utilisa comme amphithéâtre. Elles offraient le double avantage de proposer un abri et la proximité de la « matière première » des fosses communes pour les expériences…
L’opération sur l’archer eut donc lieu et fut une réussite totale ; une fois recousu et guéri le bonhomme, doté d’un peu d’argent, partit libéré de sa maladie...et de la corde.
Furent, entre autres, inhumés dans l’église, le cimetière ou sous les charniers...
Excepté Roberval, les personnalités inhumées à Saint-Séverin furent surtout célèbres en leur temps, même si quelques uns s’accrochent encore à la mémoire d’amateurs ou de spécialistes du genre.
D’une façon générale, contrairement à ce qu’on aurait pu s’y attendre pour cette grande paroisse si proche de l’Université et de la rue Saint-Jacques, les bourgeois ne furent pas si nombreux à s’y faire enterrer. De même, il est remarquable que dans ce quartier qui comptait un grand nombre d’imprimeurs et de libraires, excepté une petite poignée, aucun ne sollicita la permission de mettre une épitaphe sur sa tombe.
Les plus nombreux à choisir le lieu comme sépulture furent les possesseurs de charges et offices.
► ARNOLFINI Jules d’ († 1712)
Comte de Magnac, chevalier de l’ordre de Saint-Louis, lieutenant général des armées du roi, gouverneur de la forteresse de Mont-Dauphin (Hautes-Alpes) et inspecteur général de la cavalerie des dragons de France.