Il prit le train qui devait le mener à sa sérénité. Il pensa à ce jeune Gandhi qui lui a fait part des souffrances des minorités d’Afrique du Sud et dont il partageait la volonté de lutter. Mais le vieil homme livrait déjà son dernier combat. Il avait attrapé froid. Prit soudainement d’une méchante fièvre, il fut débarqué et installé dans la demeure du chef de gare d'Astapovo, saisi de stupeur en reconnaissant son célèbre voyageur.
Entouré de sa femme, qu’il avait accepté de recevoir, et de quelques proches, Léon Tolstoï s’éteignit. Ramené dans sa propriété natale, il y fut inhumé, porté par de simples moujiks dont le sort le préoccupait tant.
Trois ans plus tard, le 21 novembre 1913, vingt-deux brochures de l’écrivain portant sur des questions religieuses et sociales étaient détruites à Saint-Pétersbourg sur ordre du tsar.
Ainsi l’auteur de Guerre et Paix, prophète en son pays mais considéré comme un mauvais exemple pour la jeunesse, était-il condamné à titre posthume.
La propriété "cimetière", transformée en musée et bibliothèque, appartient toujours à ses descendants.