Instruit par le curé et le receveur des postes de son village, ce gamin surdoué et privé trop tôt d’école aura sa revanche sur son sort de « cul-terreux ».
A partir de 1947, en commençant par un troc de pommes de terre françaises contre des tracteurs tchèques, Doumeng créa des coopératives d’approvisionnement paysannes et développa son commerce avec les pays du bloc de l'Est pendant la période de la guerre froide. Via sa société Interagra, il devint l'un des plus grands patrons de l’agroalimentaire mondial.
Son sens remarquable des affaires, les amitiés insolites qui firent la force de son réseau assurèrent la fortune de celui qu’on surnomma le « milliardaire rouge ».
Mais sous son masque de communiste pur et dur, Doumeng ne ménageait pas ses critiques à l’Est : le militant paysan l’emporta toujours chez lui sur le « coco ». Persuadé que le communisme « Made in URSS » n’était pas le sien, il n’hésitait pas à lancer aux responsables du Kremlin « qu’ils allaient se casser la gueule avec leurs conneries multiples »…Propos que sa secrétaire moscovite s’empressait d’atténuer la traduction de peur qu’il ne se fasse arrêter.
Il est vrai que la truculence du personnage, accompagnée de grossièretés et d’affabulations sur son parcours, participa à sa réputation de malotru arrogant. Avec le recul, il était d’ailleurs effrayé de l’image qu’il laisserait.
Son empire reposait surtout sur ses épaules sans toujours répondre à une vraie logique économique. A sa mort, faute de réelles compétences de ses héritiers pour s’adapter aux changements politico-économiques, son empire ne lui survécut que quelques années (1993).
Il fut également maire de Noé et membre du conseil général de Haute-Garonne.
Jean-Baptiste Doumeng fut inhumé au cimetière de Noé. L’un de ses fils, Jean-Louis (1951-2010), devait le rejoindre prématurément dans la tombe.