Mais outre ce qui fait de nos jours le plaisir des collectionneurs, on doit aussi à Charles Pigeon une œuvre plus surprenante que les habitués du cimetière du Montparnasse connaissent bien : son tombeau où il fut inhumé, ainsi que sa femme († 1909) et son fils († 1910).
Les deux époux y sont représentés en tenue de ville (manteau pour l'un, robe élégante et coiffe pour l'autre), sur un lit à colonnades. Mme Pigeon est étendue et Charles, à demi-allongé à sa gauche, tourné vers elle, en appui sur un coude, tient dans une main un carnet et de l’autre un crayon, témoins privilégiés de ses inventions. Vers quelles réflexions se perd son regard rêveur ?
Un ange, au-dessus du lit, rappelle la mort dans ce tableau d'instantané intime.
Ce mausolée fut réalisé en 1905 avant les décès de sa femme et de son fils. Son caveau fut prévu, parait-il, pour dix-huit personnes.
L’amateur d’art funéraire se régale à observer le moindre détail de cette œuvre remarquable, dans tous les sens du terme, dont on ignore pourtant l’auteur. Aussi étonnant que cela puisse paraître, cette sculpture est datée mais pas signée. Des noms ont beau circuler, dans l’immédiat c’est le mystère. Bien regrettable d’ailleurs car, il serait juste de rendre hommage à l’artiste créateur d’une des tombes les plus singulières de tous les cimetières parisiens, si ce n’est la plus insolite.