Napoléon Bonaparte ne montait pas à cheval de façon académique. En Corse, dans sa jeunesse, il montait le plus souvent à cru et plus tard en France, il n'avait pas le temps d'apprendre à monter convenablement. Les quelques leçons dispensées par Monsieur d'Auvergne à l'École Militaire de Paris, de 1784 à 1785, ne suffirent pas à faire de lui un cavalier émérite. L'art de l'équitation est long et le temps lui manqua pour devenir un bon cavalier, un cavalier ayant du style. Il montait à cheval avec instinct, très à fond dans sa selle, les jambes ballantes.
Il ne connaissait que le galop, souvent à vive allure, avec les rênes posées sur l'encolure de sa monture. Cela lui valut quelques bonnes chutes au cours de sa carrière militaire. Néanmoins, très endurant, il lui arrivait souvent de fatiguer plusieurs chevaux dans la même journée parcourant entre vingt et vingt-cinq lieues, soit entre quatre-vingt et cent kilomètres, «à cheval, en voiture, de toutes les manières» comme il le dit lui-même.
En campagne, quand il était pressé, ce qui est souvent le cas, il utilisait le premier cheval de selle venu, qu'il soit de troupe ou même " bidet " de poste.
À Sainte-Hélène, Napoléon aurait confié au docteur O'Meara avoir eu dix-huit ou dix-neuf chevaux tués sous lui durant toutes ses campagnes. Il est très difficile de situer chronologiquement ces événements et de retrouver les noms de ces chevaux, tant les témoignages nous manquent ou sont imprécis.
Les chevaux de l’Équipage de selle de Napoléon Bonaparte
L'article défini "le", devant le nom de chaque cheval est très important car il désigne un cheval de haut rang, il est indissociable du nom de chaque cheval.
Les Archives nationales de Paris détiennent le registre de l'Équipage de selle de l'Empereur et de sa Maison militaire, c'est la base de toute étude sur ce sujet.À partir de ce registre, nous détenons pour chaque animal : son nom, son numéro d'inscription au registre des Écuries correspondant à sa date d'entrée, son sexe, son origine, sa robe, sa taille dont on remarquera que la moyenne se situe vers 1,52 m, son âge, ses différentes affectations s'il y a lieu et sa date de sortie avec les circonstances.Le registre de l’Équipage de selle tenu par le Grand écuyer Armand de Caulaincourt contient près de 1730 chevaux recensés de 1800 à juin 1815. La liste continue jusqu'en 1830, mais ne concerne plus la période qui nous occupe.
Dans ce fabuleux registre, les chevaux sont notés par ordre d'entrée à l'Équipage de selle du Premier consul, puis de l'Empereur. Après un recensement minutieux du registre, nous sommes parvenus au total de 1500 chevaux au sein de l’Équipage de selle. Ce chiffre nous donne une moyenne de 110 chevaux par an sur une période de 14 ans de règne, ce qui n’est pas énorme, sachant que Napoléon devait avoir des chevaux prêts à partir à tout instant de toute la France et d’ailleurs.
Identification des chevaux de l'Équipage de selle
Une première identification naturelle des chevaux s'effectue par le nom attribué à chaque cheval qui entre au sein de l'Équipage de selle. Les noms des premiers chevaux de Bonaparte sont donnés en fonction de plusieurs critères tels que leur origine, leur caractère, leurs qualités ou leurs défauts. Au total, l’écurie impériale posséda plus de cent-trente chevaux baptisés pour rappeler une victoire, (le Marengo, l’Austerlitz, le Wagram), une origine (le Cid, le Cordoue, le Sagonte, le Salim) ou pour marquer leur caractère (le Bouffon, le Conquérant, l’Extrême, le Folâtre, le Gracieux, le Timide, etc.,).
De toutes races et de robes variées, son attachement à la race arabe date de la campagne d’Égypte. Napoléon affectionnait particulièrement les entiers, bien qu'il possédât de nombreux hongres et autres juments parmi ses montures de selle. Certaines ont fait preuve d’un grand courage en campagne et ont laissé une trace dans l’Histoire comme la célèbre la Belle qui participa au passage du Grand-Saint-Bernard et à la bataille de Marengo en 1800.
À partir du 1er janvier 1806, d'après l'ordre n° 125 qu'il écrivit de Munich, le Grand écuyer organisa l'identification des chevaux par l'attribution d'une lettre par année d'entrée. Ainsi, il fut défini que tous les chevaux entrant durant l'année 1806 auront un nom commençant par la lettre E, 1807 la lettre F, 1808 la lettre G, 1809 la lettre H, 1810 la lettre I, 1811 la lettre J, 1812 la lettre L, 1813 la lettre M et 1814 la lettre N. Ceci n'est pas une règle absolue car on constate de nombreuses exceptions.
De nombreux chevaux reçurent un surnom, presque toujours attribué par Sa Majesté, en hommage à une victoire gagnée ou à une personne chère à l'Empereur. L'histoire napoléonienne n'a souvent retenu que le surnom de ces chevaux et cela a entraîné une certaine confusion d'identification chez les historiens. Si l’histoire de plusieurs d’entre eux est connue, trois passèrent à la postérité non seulement pour avoir porté l’Empereur lors de grands moments historiques, mais aussi parce qu’un hommage particulier leur fut rendu en réservant des lieux de « sépultures » peu ordinaires à ces chevaux de légende.