Pour la reconstituer dans le film Farinelli, de Gérard Corbiau (1994), on fit appel à des techniques sophistiquées développées à l'IRCAM qu’on associa aux voix d'un contre-ténor (Derek Lee Ragin) et d'une soprano colorature (Ewa Małas-Godlewska).
Cas exceptionnel dans l'histoire des castrats, la plupart du temps issus de milieux modestes, Carlo était le fils d'un gentilhomme passionné de musique au point qu'il décida que ses deux fils en feraient leur profession; l'aîné, Riccardo, comme compositeur, et le cadet, Carlo, comme chanteur. On ne sait exactement à quel moment intervint la castration qui lui permit de conserver sa voix, déjà exceptionnelle de soprano.
Précoce et virtuose, après une formation dispensée par Nicola Porpora, Carlo débuta en 1720, lors d'une soirée donnée à Naples en l'honneur de l'empereur d'Autriche où il obtint un vif succès.
Néanmoins, sa technique vocale extraordinaire se faisant au détriment de l’émotion, Farinelli développa l'expressivité qui devait contribuer à faire de lui un mythe. Il excellait aussi bien dans le registre léger que dans dans celui du pathétique, ce qui compensait son jeu de scène peu développé.
Affable et modeste malgré sa renommée et son talent, d'une parfaite éducation, il sut se gagner l'affection du public et la sympathie des grands.
Se produisant à Rome, Vienne, Venise, Milan, Bologne, Londres, en dehors de sa carrière, on ne connait que peu de choses sur sa vie privée.
Convié à la Cour d’Espagne par la reine Elisabeth dans l'espoir que sa voix prodigieuse parvienne à tirer son mari, Philippe V, de son apathie, ce dernier fut si séduit qu’il ne voulut plus se séparer de l’artiste. Couvert d’honneurs, il lui était cependant interdit de chanter en public. En complément de son don, il jouait d’instruments et composait à l’occasion. Le règne de Ferdinand VI vit encore accroître son influence. Il conserva cette prestigieuse position jusqu’en 1759 où, à la demande du nouveau souverain, il se retira dans sa somptueuse villa de Bologne. Mais jusqu’à sa fin, il souffrit de solitude et de mélancolie.
A sa mort, selon ses vœux, sa dépouille fut vêtue du manteau de l’ordre de Calatrava que lui avait remis Ferdinand VI.
Farinelli fut d’abord inhumé dans la chapelle des pères capucins du couvent Santa Croce de Bologne. Détruit lors des guerres napoléoniennes, sa petite-nièce, Maria Carlotta Pisani (1769 – 1850), fit transférer sa tombe au cimetière Della Certosa en 1810.
Mais en 1845, la partie ancienne du cimetière où se trouvait sa tombe devant disparaître, Maria le fit transporter dans la sépulture qu’elle possédait et où elle repose également.
En 2006, des archéologues exhumèrent ses ossements afin de les étudier. Ils se trouvaient aux pieds de Maria.