Dès ses débuts de réalisateur en 1911, il se caractérisa par son imagination inépuisable et son sens exceptionnel de l’image avant de signer son premier chef-d’œuvre Napoléon (1927), ressorti périodiquement pour l’admiration des foules et qui déborde d’innombrables innovations techniques.
Sa représentation, en avril 1927, déclencha un enthousiasme qui resta, sans lendemain, producteurs et exploitants s’entendant pour empêcher le développement d’une idée si coûteuse.
La Fin du monde (1930) ; Un Grand amour de Beethoven (1936) ou encore Paradis perdu (1939) continuèrent à susciter l’admiration. Capable du sublime, Gance côtoya aussi le ridicule avec La Vénus aveugle (1941), véritable chef-d’œuvre mais du kitsch ! Le Capitaine Fracasse (1942), dans lequel il régla un des plus beaux duels de l’histoire du cinéma est considéré comme le plus maîtrisé de ses films. Lui aussi resta sans lendemain. Ce ne fut qu’en 1954, avec La Tour de Nesle qu’on le retrouva avant qu’il ne signe Austerlitz (1960).
Faire parler en vers les héros d’un film fut sa dernière gageure avec Cyrano et d’Artagnan (1963).
Bien d'autres projets se bousculaient, mais restèrent au stade de projets. Tout son désespoir est contenu dans ses quelques mots : "Si ma voix est brisée, ma pensée hagarde et mes pauvres mots infirmes, c’est que moi aussi, j’ai la bouche pleine de terre et que moi aussi, le cinéma français m’a tué."
Il n’avait cessé de repousser limites de la technique et, à ce titre, reçut le Prix international de l'invention (1954). Récompensé par le premier Grand Prix national de cinéma en 1974, on lui remit un César d’honneur (1981), quelques mois avant sa mort.
Attiré d’abord par le théâtre, il s’était tourné vers le cinéma dans l’espoir de ne pas mourir de faim, ce qui lui arriva pourtant une fois sombré dans l’oubli des dernières années de sa vie. On avait eu beau crier et continuer à crier encore au génie, malgré les hommages, sa mort passa pratiquement inaperçue laissant indifférents ceux qui lui devaient tant. Ils ne furent pas nombreux à le suivre jusqu’au cimetière.
Et ce ne fut pas l’état de sa tombe, aux herbes folles grillées par le soleil, qui égaya ma journée.
Avec lui repose sa troisième femme, l'actrice Sylvie Grenade (1902-1978).