Songez donc, il déposa pas moins de trente-trois brevets, parmi lesquels : le cor de Sax ou saxhorn, toujours couramment utilisé dans les fanfares et les orchestres d'harmonie, et bien sûr, le saxophone qui le fit passer à la postérité et qu’il inventa en voulant créer « un instrument qui par le caractère de sa voix pût se rapprocher des instruments à cordes, mais qui possédât plus de force et d'intensité que ces derniers ».
Grâce à son ami Jules Demersseman, flûtiste de renommée et compositeur fécond, qui composa de nombreuses pièces pour le saxophone, ce nouvel instrument fut mis en valeur et peu à peu reconnu.
En écrivant de façon favorable sur cette nouveauté et en composant la toute première œuvre avec saxophone, Chant Sacré pour sextuor à vent (1844), Hector Berlioz participa aussi à sa popularité.
La réorganisation complète des musiques régimentaires et l'adoption par l'armée, en 1845, des instruments de son invention le placèrent en position de monopole.
Breveté en 1846, l’instrument assura à son inventeur sa réputation et un poste d'enseignant au conservatoire de Paris en 1857.
Incarnant parfaitement l'esprit d'entreprise du 19ème siècle, il obtint de nombreuses médailles et diplômes aux expositions de l'Industrie française et plus tard aux Expositions universelles, reçut la légion d'honneur et acquit le titre de directeur de la musique particulière de Napoléon III.
En 1876, afin de jouer le thème de Walhalla dans sa tétralogie L'Anneau du Nibelung, Richard Wagner lui confia la création d’un instrument ayant une sonorité entre le cor français et le saxhorn qui donna naissance au tuba wagnérien.
Personnage aux multiples facettes, éditeur de musique, professeur de saxophone, organisateur de concerts, chef de fanfare de l'Opéra, etc., sa personnalité hors du commun suscita des jalousies qui, au travers des procès qu'on lui intenta, l’exposèrent à de multiples vexations et calomnies.
Dans une conjoncture défavorable, avec la révolution de 1848 et la guerre de 1870, plusieurs faillites l'affaiblirent sans compter les auteurs de contrefaçons qu’il attaqua.
Pendant quelques temps, ses fils continuèrent d'exploiter l'usine paternelle avant que la Maison Selmer ne reprenne les affaires de la société « Adolphe Sax et Cie », en 1928.
Adolphe Sax fut inhumé au cimetière de Montmartre dans la chapelle familiale. Une plaque, apposée à l'occasion du 100ème anniversaire de sa mort, pouvant laisser croire à une tombe de jazzman au visiteur distrait, rappelle sa géniale invention.