Bien évidemment, en dehors du folklore du personnage, la qualité de ses textes contribua pour beaucoup au succès de son répertoire, qu’il accompagnait de sa voix rauque et puissante, où se mêlaient les peines et les joies de la crapule des rues qui fascinait alors,
Et ce fut la gloire qui l’amena, en 1895, à partir en tournée.
Admis par la Société des Gens de Lettres, fortune faite grâce à de confortables droits d'auteur, de gros cachets et à Nini Peau d'Chien et autres « tubes », il s’acheta une propriété à Courtenay (Loiret), sa ville natale, où il menait le train d'un seigneur moyenâgeux.
On aurait pu croire que ce poète des gueux, ce chansonnier populaire était attaché à Montmartre, il n’en était rien. Comme il le confia au critique Adolphe Brisson : « Pendant huit ans, j'ai passé mes nuits dans les bocks et la fumée ! J'ai hurlé mes chansons devant un tas d'idiots qui n'y comprenaient goutte et qui venaient, par désœuvrement et par snobisme, se faire insulter au Mirliton... Je les ai traités comme on ne traite pas les voyous des rues... Ils m'ont enrichi, je les méprise : nous sommes quittes ! ». D’aucun appellerait cela cracher dans la soupe…
Après une vaine tentative de carrière politique à Paris, il se retira peu à peu de la chanson pour se consacrer à l'écriture, mais le feu sacré n’était plus là. Il donna encore quelques spectacles, jusqu'à un ultime retour, en 1924.
Il mourut à Paris. Après ses obsèques célébrées au milieu d’une affluence considérable de chansonniers et d'artistes, le cercueil fut placé dans un fourgon automobile qui, suivi des membres de la famille, s’en fut vers la gare de Lyon pour être inhumé, selon sa volonté, auprès de ses parents au cimetière de Subligny.
Avec lui, repose sa compagne, Mathilde Tarquini d'Or (1863-1945), cantatrice à l'Opéra comique avec laquelle il vivait depuis 1895 et dont il eut un fils, Aristide, qui trouva la mort au champ d’honneur en 1917.
Sur la tombe, un médaillon le représentant de profil et signé Ferdinand Le Villain.
Sa légende, qu’il avait aidé à créer, allait lui survivre.