Très proche du jeune Louis XIV, en 1665, il obtint la charge d'intendant de Versailles et fut anobli la même année. On vit son importance auprès du roi grandir en même temps que se construisait le château de Versailles. Il avait du souverain l’exceptionnel privilège d’une confiance absolue. Exécuteur de ses ordres les plus intimes, d’une discrétion devenue comme une seconde nature, toute tâche qu’il accomplissait se faisait dans le plus grand secret.
Premier valet de chambre et son conseiller ; gouverneur de Rennes (1693) dont il revendit le gouvernement en 1698 en restant héréditaire ; intendant des terres, parcs et château de Versailles de 1665 à 1701 ; intendant des terres, parcs et château de Marly de 1665 à 1701 ; surintendant de la Maison de la Dauphine en 1679 ; secrétaire Général des Suisses et Grisons qu’il commandait afin de garantir la sécurité du château ainsi que celle du roi, par ses différentes charges, il avait une maîtrise sur tout ce qui passait à Versailles. Son influence et son pouvoir faisaient même parfois passer Colbert après lui. Témoin de toutes les intrigues, il le fut aussi du mariage secret de Louis XIV et de Mme de Maintenon qu’il organisa.
L’ensemble de ses fonctions et charges lui permit d’établir une situation stable et enviable et d’acquérir une jolie fortune qu’avait arrondie la dot de son épouse.
Malgré les épreuves et le poids des années, il continuait encore à travailler avec le roi. Outre son service de valet de chambre, c’est toujours lui qui se rendait chez les notaires versaillais et parisiens pour préparer et renouveler les contrats du domaine, lui qui affectait les logements à Versailles en concertation avec le roi, lui qui assurait encore la surveillance discrète de la cour.
Mais à se dépenser sans compter, le 13 janvier 1701, il fut victime d’une attaque d’apoplexie qui le mena au trépas quatre jours plus tard après avoir reçu les sacrements et indiqué ses dernières volontés.
Louis XIV fut sincèrement touché par sa mort qui laissa un grand vide à la cour. Son souvenir d’homme d’exception et ses liens si forts avec le roi allaient rester gravés dans l’histoire. Saint-Simon, qui n’était pourtant pas tendre, eut ces mots : « Homme rare de son espèce, homme secret domestique, qui sait tout du Roi, de ses habitudes, de sa vie privée, et, fait rarissime, ne médit ni ne colporte aucun ragot. »
Les éloges ne manquèrent pas dont celui du Mercure qui loua son caractère : « La Cour vient de perdre un homme d’un caractère de bonté si rare qu’à peine un siècle en produit-il un semblable, et je ne sais même si jamais on en a vu un pareil. Il passoit sa vie à rendre service. Il faisoit faire du bien aux uns et détournoit le mal que l’on pouvoit faire aux autres… Il n’a jamais dit de mal de personne et n’ouvroit la bouche que pour dire du bien de ceux dont il entendoit parler. Il est impossible de servir le roi avec plus d’exactitude qu’il a fait. Il y étoit uniquement appliqué, et avoit la même ardeur pour les moindres choses lorsqu’il s’agissoit de son service que pour les plus importantes. Enfin, il étoit moins né pour lui que pour son maître et pour tous ceux qui imploroient son secours et même qui en avoient besoin sans qu’ils implorassent…M. Bontemps est mort à l’âge de soixante dix sept ans, regretté, estimé, chéri de toute la cour et même de ceux qui avoient ouï parler de lui sans le connoître »
Sur les murs de Paris on afficha un petit placard invitant à rendre hommage au premier valet de chambre du roi :
« Vous estes priez d’assister au service de Messire Alexandre Bontemps, Ecuyer, Conseiller, premier Valet de chambre ordinaire du Roy, Intendant des Chasteaux, Parcs, Domaines é dépe,dances de Versailles, & Secrétaire General des Suisses & Grisons : qui se dira leudy 27ème lanvier 1701, à dix heures du matin ; en l’Eglise de S. Louis sa Paroisse, où il est inhumé.
Messieurs & Dames s’y trouveront s’il leur plaist
Requiescat in pace »
Ce jour là, on lui rendit un hommage appuyé en même que « presque toutes les églises de Paris, même la Métropolitaine, lui firent ses services solennels ».Sa tombe disparut à la Révolution.