Incroyable époque où, tout juste breveté et cumulant à peine quelques heures de vol, après quelques exhibitions, il fut engagé pour le meeting du Belmont Park à New York (1910). A défaut de pouvoir rivaliser avec des pilotes expérimentés, il se livra à des arabesques qui séduisirent le public. La tournée qui suivit aux Etats-Unis, au Mexique et à Cuba fut l’occasion non seulement de progresser rapidement mais aussi, en prenant tous les risques, de battre des records d’altitude qui, bien que non homologués, lui valurent le surnom de « l’embrasseur de nuages ».
A son retour en France (1911), l’accueil fut triomphal. Dorénavant pilote chevronné, il tenta de relever d’autres défis. Après plusieurs échecs dans plusieurs courses, la chance de nouveau au rendez-vous avec son talent lui permit de faire la différence. Pulvérisant ses propres records d’altitude, il monta jusqu’à 5600 mètres (1912). Mais le meilleur restait à venir : le 23 septembre 1913, à bord de son monoplan, il tenta l’exploit de relier Fréjus à Tunis. En 8heures et 30 mn, il devint le premier pilote à relier l’Europe et l’Afrique, à traverser la Méditerranée sans escale.
Engagé dès le début de la Première Guerre mondiale, il participa à la création d’une escadrille de monoplans à Buc, près de Versailles. Voyant en lui un soldat hors-norme, sa hiérarchie le nomma de suite lieutenant.
Si dès le printemps 1915, il bombarda la gare d’Ostende occupée par les Allemands, son ambition était avant tout était la recherche du combat aérien. Prenant des risques insensés, grâce à la mise au point d’un dispositif de tir à travers l’hélice, il réussit à abattre trois avions ennemis quand la chance tourna.
Le 18 avril 1915, une balle ayant perforé son moteur, il fut obligé de se poser en catastrophe en territoire belge occupé et fut fait prisonnier. Après avoir vainement tenté de s’évader à plusieurs reprises, le 15 février 1918, déguisé en officier allemand, en compagnie d’un autre prisonnier, il réussit à s’échapper et à rejoindre Paris quelques jours plus tard.
Décoré de la Légion d’honneur, il se replongea dans la mêlée aérienne avec la « SPAD26 » du fameux groupe des « Cigognes ». Mêlée fatale.
Le 5 octobre 1918, son SPAD explosait en l’air avant de s’écraser sur le territoire de la commune de Saint-Morel (Ardennes), non loin de Vouziers où il fut inhumé. C’était la veille de ses trente ans et un mois avant l’armistice. Mais le héros était déjà rentré dans la légende.
On ne compte plus les rues, aérodromes, monuments, etc. portant son nom à commencer par le stade parisien qui accueille le célèbre French Open de tennis, sport qu’il ne pratiqua pourtant qu’en amateur.
En 1906, Emile Lesieur, son ami et condisciple d’HEC, l’avait parrainé lors de son adhésion à la section rugby du Stade français. Quand, en 1927, fut construit le stade de tennis pour accueillir les épreuves de la coupe Davis ramenée en France par les « Mousquetaires, Lesieur, devenu président de la prestigieuse association du Stade français, alla jusqu’au chantage financier pour que le nom de son ami soit associé à ce nouveau rendez-vous sportif.
Le monument dressé sur sa tombe fut mis en place en 1924 à l’initiative de sa mère.