Mais plus que tout, son nom reste attaché à La ferme africaine qu’elle écrivit en 1937 six ans après son retour du Kenya. Son adaptation cinématographique, « Out of Africa », par Sidney Pollack en 1985, qui remporta le triomphe mondial qu’on lui sait et sept Oscars, la fit alors connaître à tous ceux qui l’ignoraient encore. Elle ne retourna jamais en Afrique.
Elle s’installa dans la propriété familiale de Rungsted qui, après la Seconde Guerre mondiale, devint un petit cercle littéraire où elle reçut de nombreux jeunes écrivains et intellectuels danois.
Célèbre, l’un des plus beaux hommages qu’elle estima lui avoir été rendu vint d’Ernest Hemingway : lorsqu’il reçut le prix Nobel de Littérature en 1954, il déclara que Karen aurait dû le recevoir à sa place.
En 1955, elle subit une intervention chirurgicale sur la moelle épinière ainsi qu'une gastrectomie pour un ulcère de l'estomac. S’alimentant avec difficulté, Karen fut bientôt victime de sa malnutrition qui la mènera à une maigreur squelettique. Malgré sa santé précaire, elle continua à faire preuve d’une grande énergie créative.
En 1959, bien que très affaiblie, elle entreprit un voyage de trois mois aux Etats-Unis où on lui réserva un accueil triomphal. Alors que tout le gotha se bousculait à sa porte, Karen n’avait qu’un souhait : rencontrer Henry Miller et surtout Marylin Monroe qu’on disait si fascinante. Karen partagea aussi cet avis.
Après un dernier voyage à Paris, Karen ne quitta plus son domaine où elle s’éteignit.
Son cercueil, déposé sur une charrette tirée par un cheval de trait, fut suivi par une foule dans laquelle, parmi les anonymes, on distinguait de nombreuses personnalités. Sa sépulture est au milieu des bois dans le cadre le plus tranquille et charmant qui soit. Depuis 1991, sa propriété est devenue un musée.
Karen voulait être inhumée auprès de son chien, un berger allemand, qu’elle adorait. Le prêtre ayant refusé qu’un animal soit enterré dans une terre consacrée, sa famille exécuta sa volonté peu après en déplaçant son vieux compagnon.
Son portrait se trouve sur les billets de 50 Couronnes danoises et, honneur dont elle est jusqu’à ce jour la seule bénéficiaire, son portrait fut par deux fois sur des timbres alors que cet usage n’est réservé qu’aux personnes royales. Enfin un musée lui est consacré à Nairobi, sans compter les nombreux tour-opérateurs qui organisent des visites de sa maison…
Trois hommes avaient compté dans sa vie : Hans et Bror von Blixen-Finecke puis Denys Finch Hatton qui disparurent tous de mort violente. Tragique coïncidence, ses deux passions, Hans et Denys, périrent dans un accident d’avion.