La nouvelle bourgeoisie avait trouvé un auteur qui lui convenait et, celui-ci, son public. En 1820, s’ouvrait le théâtre du Gymnase dont il devint le pourvoyeur attitré avec des pièces en un acte, véritables mécaniques de précision très alertes, qui firent autant la fortune du théâtre que la sienne.
Parallèlement, la Comédie française l’accueillit (1822), lui donnant l’occasion d’aborder la comédie de mœurs et des pièces en plusieurs actes. Parmi elles, Bertrand et Raton ou l’Art de conspirer (1833), l’un de ses plus grands succès ; La Chaîne (1841), un petit chef-d’œuvre du genre disait-on ; etc., etc.
A son arc, il rajouta une nouvelle corde en 1823 en commençant une carrière d’auteur de livrets d’opéras et d’opéras comiques qui rencontra le même triomphe.
Au total, il écrivit environ quatre cent vingt cinq vaudevilles, comédies et livrets, impressionnante production qui impliqua l’aide de nombreux collaborateurs. Malgré du déchet, il domina le théâtre comique en France de 1820 à 1860 et reste avant tout un vaudevilliste.
Il fut élu à l’Académie française en 1834.
Pourtant, après avoir été l’auteur le plus populaire de son vivant et le plus joué du 19ème siècle, de nos jours, son œuvre est totalement oubliée. Malgré de réelles qualités, dont ce « génie » novateur fit preuve dans l’art de l’intrigue, comme un sens de l’observation, une tendance louable à la satire, l'« invention » du suspens, à force de vouloir flatter son public –surtout ne pas le froisser- qui ne brillait pas par son esprit de tolérance, il resta prudent, se servant des procédés les plus éculés du théâtre (intrigues et quiproquos faciles), se pliant aux caprices et aux modes du moment. Il prit le chemin le plus court pour parvenir à la gloire. Finalement, peut-être que peu lui importait qu’elle lui survécût.
Néanmoins, une redécouverte de son répertoire abondant et varié pourrait aider à saisir cette figure essentielle du paysage culturel européen, tellement encensée à son époque.
Eugène Scribe fut inhumé dans la sépulture familiale au cimetière du Père-Lachaise. Sa tombe se compose d’une pyramide ornée d’un médaillon en marbre par Antoine Adam-Salomon (1818-1881) et, sur la base sont sculptés en bas-relief des masques, des flûtes, etc., signés Paul Lebègue (1833-1928).