Si l’idée de son existence est présente dans ses écrits c'est par la véhémence du sacrilège.
Quant à la Nature, l'écrivain contestait d'abord la notion elle-même : tout ce qui est dans la nature est naturel. Donc les forces destructrices y sont présentes tout autant que les puissances créatrices. Le sadisme n'est pas seulement un comportement sexuel relevant d’algolagnie, il est aussi une éthique et une métaphysique : l'homme meurtrier collabore à l'œuvre de la nature. Il est enfin une esthétique. Bref, la destruction de la victime devient le symbole efficace de l'anéantissement des valeurs sociales et morales, et finalement de la négation de Dieu.
En raison de la part accordée à l'érotisme et à la pornographie, associés à des actes de violence et de cruauté son œuvre fut longtemps vouée à l'anathème.
Publié sous le voile de l'anonymat, objet de scandale, puis interdit de publication jusqu'en 1960, il fallut attendre le début du 20ème siècle pour que Sade suscitât l'intérêt des scientifiques et des romanciers en raison du caractère précurseur de sa démarche.
Parmi ses œuvres clandestines et les plus célèbres : L’emblématique Justine ou les Malheurs de la vertu (1791), La Philosophie dans le boudoir (1795), La Nouvelle Justine, suivi de l’Histoire de Juliette, sa sœur (également titré Histoire de Juliette, ou les Prospérités du vice), et leurs cent et une gravures, la plus importante et la plus radicale des œuvres publiées de son vivant (de 1799 à 1801). On notera aussi Les Cent Vingt Journées de Sodome.
Détenu sous tous les régimes politiques (monarchie, République, Consulat, Empire), sur plusieurs périodes, pour des raisons et dans des conditions fort diverses, il resta enfermé pendant vingt-sept ans sur les soixante-quatorze années que dura sa vie.
En 1801, comme Bonaparte négociait la réconciliation de la France et de la papauté, on était plus chatouilleux sur les questions de morale. Sade fut arrêté et placé à la Maison de Charenton (actuel hôpital Esquirol de Saint-Maurice) où il jouissait de conditions privilégiées jusqu’à devenir l’ordonnateur de fêtes qui défrayèrent la chronique de l’époque. Il y il mourut obèse et malade au bout de treize ans.
Il avait demandé à ne pas être autopsié et à être enterré non religieusement dans un bois de sa terre de la Malmaison, près d'Epernon (Eure-et-Loir). Mais cette terre ayant été vendue, au mépris de ses dispositions testamentaires, le Divin marquis fut inhumé religieusement dans le cimetière de la Maison de Charenton. Selon la tradition, et fort probable au regard de plans, ce cimetière, désaffecté depuis bien des lustres, se trouvait en face de l’église du bourg de Saint-Maurice, soit à l’emplacement actuel d’une crèche.