En 1913, son frère et sa mère la sortirent du gourbi qui lui servait d’atelier pour la faire interner dans la maison de santé de Ville-Evrard. Pour cause de guerre, elle fut transférée en 1914 à l’asile de Montdevergues à Montfavet près d'Avignon où elle resta séquestrée pendant trente ans avant que Dieu n’ait enfin pitié de cette pauvre âme malade qui ne trouva jamais la paix.
Rodin, bouleversé par cet internement, tenta d’améliorer son quotidien, mais il mourut trois ans plus tard.
Sa famille, accusée de vouloir s’en débarrasser, ne changea rien à son sort. Bien que son état mental s’aggravât avec le temps, elle manifesta pourtant le souhait de revenir dans la maison familiale, ce que recommnada un médecin : "Quel bonheur si je pouvais me retrouver à Villeneuve, ce jolie Villeneuve qui n'a rien de pareil" dira t'elle en 1927.
Elle connut à Montfavet la surpopulation, la Première et surtout la Seconde Guerre mondiale durant laquelle les restrictions et la politique du régime de Vichy provoquèrent une situation dramatique dans les hôpitaux psychiatriques où les pénuries et la malnutrition entraînèrent de nombreux décès.
A sa mort, Paul Claudel aurait peut-être pu lui ménager une sépulture plus digne que celle du carré réservé aux aliénés dans lequel elle fut ensevelie. Par la suite, ses restes furent déposés à l’ossuaire. Le monument érigé à sa mémoire dans le cimetière console un peu de la défaillance familiale.
Sur son acte de notoriété après décès on peut lire : « Mlle Claudel est décédée à Montfavet, le 19 X 1943, où elle se trouvait momentanément. »… Les fonctionnaires ont aussi de l’humour…