Cassius Longinus devait en grande partie à César sa position du moment. Mais au lieu de lui en être reconnaissant, ce joueur belliqueux et susceptible haïssait Jules qui venait de lui refuser une nouvelle fonction honorifique. Quels que soient, au préalable, ses sentiments pour César, le dépit qu’il ressentait l’entraîna à vouloir s’en débarrasser. Malgré son ascension sociale, Cassius savait qu’il ne pouvait rien entreprendre sans l’appui d’une personne reconnue et écoutée par l’aristocratie. Il s’adressa à Brutus, dont il avait épousé la sœur, le seul capable de fédérer un complot.
A l’inverse de Cassius, Brutus était un homme calme et réfléchi à la réputation d’honnêteté. Toute sa vie, la rumeur avait fait de lui le fils illégitime de César, dont l’importante activité sexuelle était notoire, qui avait eu des relations sexuelles avec la mère de Brutus. Brutus hésita. Mais son désir de rétablir la République qu’il estimait en péril à cause de César, l’emporta sur ses scrupules. Brutus accepta et commença à recruter les conjurés.
Depuis très longtemps, Jules César était atteint d’une maladie identifiée comme une épilepsie du lobe temporal. Il était bien trop intelligent et lucide pour ne pas réaliser que cette maladie affectait chaque jour davantage son comportement porté de plus en plus vers la démesure. D’ailleurs n’a-t-il pas perdu le contrôle de lui-même face aux sénateurs quelques temps plus tôt ? Et s’il ne s’était pas levé pour recevoir leur hommage, c’est qu’il ne le pouvait pas. Pour un homme tel que lui, nonobstant la souffrance, cette perte de contrôle en public était insupportable.
De leur côté les conjurés n’avaient plus le choix. César venait d’annoncer son intention d’envahir Parthes. Il était clair que son départ ajournerait leur projet. La date du meurtre fut fixée. Ce serait lors de l’assemblée du Sénat tenue le jour des ides où le dictateur s’apprêtait à recevoir le titre de roi pour la partie orientale de l’Empire romain.
Entre les oracles, les rêves prémonitoires et les nuits agitées, César avait été averti plusieurs fois du danger qu’il courait en se rendant au sénat ce jour-là. Toujours informé de tout, comment peut-on même imaginer qu’il ait ignoré ce qui se tramait. Mais Jules ne tint compte de rien. Mieux encore, il congédia sa garde personnelle. Il ignora aussi le dernier avertissement écrit qui lui fut glissé dans sa litière alors qu’il s’acheminait sans aucune protection vers sa mort annoncée.