Posant pour des sculpteurs, écrivant des poèmes, il fonda deux revues littéraires, « Tchank » (Effort) puis « Machagouyt » (Culture), traitant de la littérature française et arménienne, il fréquentait les "universités ouvrières" créées par les syndicats ouvriers. En 1934, il adhéra au Parti communiste et intégra le groupe arménien de la "MOI" (Main-d'Oeuvre Immigrée).
Après la défaite de 1940, il redevint ouvrier puis responsable de la section arménienne de la MOI clandestine.
En 1943, il fut versé dans les FTP (Francs-Tireurs et Partisans) de la "MOI" parisienne dont il prit la direction militaire en août, sous le commandement de Joseph Epstein. Son réseau se composait de 22 hommes et d’une femme.
Ils avaient fui le fascisme à Budapest, le génocide en Arménie, la guerre et les franquistes en Espagne. En France, ils étaient devenus comme les autres, amoureux, artistes, étudiants, pères de famille. Parce qu’ils étaient étrangers, et Juifs pour beaucoup, donc directement visés par le régime de Vichy, les FTP-MOI comptèrent parmi les réseaux les plus actifs de la résistance.
Depuis fin 1942, ces hommes menaient dans Paris une guérilla incessante contre les Allemands : ils ont réalisé en moyenne une opération armée tous les deux jours: attentats, sabotages, déraillements de trains, pose de bombes. Leur grand coup d'éclat eut lieu le 28 septembre 1943 lorsqu'ils abattirent Julius Ritter, responsable du S.T.O. en France et général S.S.
La fin
Le 16 novembre 1943 Missak devait rencontrer Joseph Epstein, chef des FTP de la région parisienne, sur les berges de la Seine à Evry. Missak ignorait qu’il était suivi déjà depuis quatre mois et que ce matin là, la Brigade spéciale lui emboitait le pas à la sortie de son domicile. Après une vaine tentative de fuite, il fut arrêté avec Epstein. Il était 10 heures. En fait, ce jour-là et les jours suivants, toutes les unités combattantes de la "MOI" parisienne furent démantelées sans qu’on sache s’il s’agissait d'un travail de police bien mené ou d'une dénonciation, même si cette version emporte davantage les suffrages des historiens et qui a été retenue dans le film, L’Armée du crime, de Robert Guédigian (2009).
Un chef arménien, huit Polonais, cinq Italiens, trois Hongrois, deux Arméniens, un Espagnol, une Roumaine et trois Français seulement ; neuf sont juifs et tous sont communistes ou proches du P.C. Les Allemands n’allaient pas rater une si belle occasion de « faire savoir à l’opinion française à quel point leur patrie était en danger » à cause des étrangers.
C’est ainsi que naquit la fameuse « Affiche rouge » placardée dans Paris et sur laquelle apparaissent dix visages aux traits titrés, marqués par les séances de torture véhiculant la représentation de la Résistance selon les nazis et Vichy : ces hommes ne sont pas des libérateurs mais des criminels, des terroristes.
Les concepteurs de l’affiche ont réalisé une composition faite pour marquer les esprits. Le choix de la couleur : le rouge, couleur de sang: le sang des meurtres perpétrés par « l’armée du crime » ; des preuves illustrées de leurs crimes en photos : un arsenal d’armes – des déraillements de trains – des corps criblés de balles. Sauf Robert Witchitz, que les Allemands prirent pour un juif, ce qu'il n'était pas, les Français du groupe, George Cloarec et Roger Rouxel n’y figurent pas. Que des noms à consonance étrangère, juifs, communistes pour un complot « Judéo-bolcheviques-apatrides » contre la France et les Français.