Le père Magloire ne fut jamais le secrétaire de Robespierre ni un célèbre rosiériste contrairement à ce que raconte la légende que s’était forgée ce personnage haut en couleur à l'imagination débridée.
Peintre en bâtiments et un peu rebouteux, cette dernière activité lui avait permis d’amasser une fortune des plus rondelettes.
Il acheta son emplacement au cimetière de Charonne en 1833 et fit édifier son monument avec du matériel de récupération, monument, il faut bien l’avouer, tout à fait à la hauteur des histoires de ce joyeux excentrique puisque sa statue en fonte est grandeur nature.
Le bonhomme, étant aussi un bon ami de la bouteille, avait demandé que son inhumation n’engendrât pas la morosité. Dans le respect de ses dernières volontés, on raconte que ses amis placèrent un litre de vin dans son cercueil avant de l’accompagner à sa tombe en chantant :
« Il nous faut chanter à la gloire
De Bègue François-Eloy
Ami rare et sincère
Fit mention dans son testament
Qu’il fut enterré en chantant
Pour le fêter en bon vivant
Il nous laissa chacun cinq francs.
En vrais disciples de Magloire
Versons du vin et puis trinquons
Buvons ensemble à sa mémoire ;
C’est en l’honneur de son trépas
Qu’il a commandé ce repas. »
Ainsi, sans avoir rien fait d’exceptionnel, le père Magloire est-il resté dans les mémoires. Pour une fois que la Révolution engendre l’histoire d’un patriote joyeux compère…