Avant même son exécution, Robespierre allait connaître mille morts. Outre la souffrance due à ses blessures, durant le trajet en charrette ce fut un peuple plein d’allégresse qui l’entoura et l’accompagna vers la guillotine.
Assis dans le fond du tombereau, sur un peu de paille qu'un aide-bourreau avait placé sous lui, il avait le dos appuyé contre les ridelles. Son visage plus tuméfié que le matin, était encore plus pâle. Entre la douleur et l’effarement Maximilien, tenant presque constamment ses yeux fermés, semblait insensible aux cris et aux insultes des curieux qui, encore terrorisés la veille, défilaient maintenant pour assister à sa mise à mort. Alors que les charrettes passaient devant sa maison, elles furent stoppées. On forma des rondes et on dansa autour des condamnés.
Des détails sordides ont été rapportés sans que leurs fondements soient toujours avérés comme cet enfant qui aurait apporté un seau de sang de chez un boucher voisin avec lequel on aurait barbouillé la façade de son logement à l’aide d’un balai.
Qu’il était long ce chemin vers la fin. Parties à 16h 30 de la Cour de Mai, les charrettes n’arrivèrent sur la place de la Révolution qu’à 18h 15. Maintenant il lui fallait attendre l’exécution de ses comparses ; vedettariat oblige, il était le dernier. Mais après l’exécution de Couthon et de son propre frère Augustin, il défaillit. Alors, craignant qu’il ne puisse subir son châtiment, on le hissa « avant son tour » sur l’échafaud. Lorsqu’un aide du bourreau lui arracha son bandage et que « la mâchoire inférieure se détacha alors, laissant jaillir des flots de sang », Robespierre poussa un dernier hurlement ; avec lui se terminait le règne de la Terreur.