Bien jeune pour assumer sa soudaine fortune et sa légende naissante, l’enfant pourrie-gâtée qu’elle avait été et à qui tout réussissait, va surfer à toute vitesse sur tous les succès de la femme « Nouvelle vague ». La vitesse qu’elle adorait et qui la laissa entre la vie et la mort en 1957 après un grave accident au volant de son Aston Martin. Pour atténuer la douleur on lui administra un dérivé morphinique. Plus jamais elle ne put se passer de drogues en tous genres dont les effets, conjugués avec l’alcool, détériorèrent sa santé au fur et à mesure des années.
Ayant horreur de la solitude, elle était très entourée autant par des amis sincères que par des sangsues profitant de sa grande générosité. Elle cherchait les émotions fortes et les connaîtra toutes.
Romancière, elle participa aussi à la co-écriture de scénarios, de dialogues de films comme elle écrivit des textes de chansons. Parmi ses œuvres, rappelons Aimez-vous Brahms…(1959), Des Bleus à l’âme (1972), La Femme fardée (1981), Le Miroir égaré (1996), etc.
Capricieuse, séductrice manipulatrice parfois perverse mais aussi attachante, gentille et généreuse, elle avait un côté garçon manqué de meneur de bande que lui servait son physique androgyne.
Mais, après avoir été caressée avec amour par le destin, la « Mademoiselle Chanel de la littérature », allait devoir affronter des périodes plus sombres. Plus cigale que fourmi, ses problèmes financiers étaient récurrents. Femme d’excès, elle n'était rigoureuse que dans l'écriture que son actualité privée a parfois occultée.
Habituée à défrayer la chronique mondaine, Françoise fit la Une de la chronique judicaire avec des affaires de drogues et de fraude fiscale, cette dernière affaire achevant de la ruiner.
Lâchée par un bon nombre, il ne lui resta plus qu’un petit cercle de proches qui prit soin d’elle. Malgré leur attention, ils furent témoins de sa descente vers une tristesse infinie qu’accentuèrent la disparition de son socle affectif : son frère Jacques, ses parents ; Robert Westhoff, son second mari, Jacques Chazot, son ami de toujours, Peggy Roche sa compagne. Ses ennuis de santé ne lui laissaient aucun répit et, si ses lecteurs la suivaient, la critique l'exécutait à nouveau.
Elle s’éteignit d'une embolie pulmonaire à l'hôpital d’Honfleur. Comme elle l’avait demandé, Françoise Sagan fut inhumée à Seuzac dans le Lot, le pays où était née et qu'elle aimait.
C’est donc dans ce petit cimetière, en pleine campagne, qu’elle repose entourée de ses êtres chers. Elle partage sa tombe avec Robert Westhoff.
En 1998, elle avait rédigé son épitaphe : « Sagan, Françoise. Fit son apparition en 1954, avec un mince roman, Bonjour tristesse, qui fut un scandale mondial. Sa disparition, après une vie et une œuvre également agréables et bâclées, ne fut un scandale que pour elle-même. » Mais seuls son nom et ses dates rappellent modestement sa présence.