Nommé « administrateur du transport », chargé de tous les trains qui transportaient les Juifs vers les camps de la mort polonais, il assuma son rôle avec zèle durant deux ans.
Très apprécié, en 1944, il alla en Hongrie pour organiser la déportation des Juifs hongrois.
Voilà comment pour assurer sa carrière de haut fonctionnaire, Eichmann devint un rouage banal mais efficace du mal.
Fuyant l’avancée soviétique, il fut néanmoins arrêté par les Alliés en 1945. Bien que recherché comme criminel de guerre, sous divers noms d’emprunt, il réussit à cacher son identité et à échapper au procès de Nuremberg. Il s’évada en février 1946. Durant quatre ans, caché en Allemagne, il fut tour à tour bûcheron puis éleveur de poules. Mais l’étau se resserrait. À la fin avril 1950, profitant de réseaux assurant la fuite de nazis, il rejoignit l’Argentine, refuge béni de nombreux nazis recherchés ou pas. Grâce à ses relations, il commença une nouvelle vie sous le nom de Ricardo Klement et fit venir sa famille deux ans plus tard.
En 1959, il entra comme mécanicien dans une usine Mercedes-Benz au nord de Buenos-Aires. Vivant fort modestement dans un quartier isolé et pauvre de la capitale, Eichmann pouvait espérer ne jamais être retrouvé.
C’était compter sans le gouvernement israélien qui, après quinze ans de recherches, l’avait enfin débusqué.
Pour refonder l’unité nationale israélienne et asseoir son parti, Ben Gourion souhaitait un « Nuremberg du peuple juif » ce qui excluait l’assassinat des concernés par ce procès dont Eichman était en tête de liste. Ne pouvant espérer une extradition, des agents du Mossad, service secret israélien, montèrent une opération d’enlèvement sans attirer l'attention.
Et une fois kidnappé, comment évacuer Eichmann ? Certainement pas en passant une frontière et, à l’époque, il n’existait aucune liaison aérienne entre Israël et l’Argentine. L’opportunité vint des fêtes du 150e anniversaire de l'indépendance argentine où une délégation israélienne se rendait.