Après avoir envisagé une carrière militaire, la disparition subite de son père en 1801 changea sa destinée. A Paris, la mutation décisive de l’économie française était en route. L’heure était venue de recueillir les fruits de la Révolution et de se lancer dans les affaires.
En siégeant simultanément à la Banque de France et au Corps législatif, Claude Périer, son père, avait entrouvert les portes des deux pouvoirs confiés aux Notables : la politique et la haute finance.
Associé à son frère, Scipion, Casimir démontra avec brio son goût de la spéculation et l’intuition des bons placements dans l’immobilier en un temps où Paris regorgeait de terrains à lotir. Les mines d’Anzin, joyau de l’empire Périer, et son mariage avec une riche héritière asseyaient sa fortune.
Tenté par la politique, il entra à la Chambre des députés en 1817 et choisit de s’asseoir avec le petit groupe des libéraux de la Gauche unis par la haine de l’Ancien Régime, l’hostilité aux Ultras et la volonté de compléter la Charte de 1814 par des mesures libérales.
Brillant orateur, dont on appréciait la limpidité de pensée, sa carrière était lancée : de 1817 et jusqu’à sa mort quatre principes relièrent sa carrière de député : le loyalisme monarchique, le scrupuleux respect de la légalité, la limpidité du langage et des actes et le patriotisme.
Rien ne put entamer son dévouement aux Bourbons jusqu’aux fatales Ordonnances de juillet 1830 à l’origine des Trois Glorieuses, de l’exil de Charles X et de la prise du pouvoir par Louis-Philippe.
Cette « dictature libérale », respectueuse du Parlement et du roi, répondait à une situation de crise qu’il fallait absolument conjurer. Ce fut donc naturellement que Louis-Philippe fit appel, le 13 mars 1831, à cette figure du parti de la Résistance en remplacement de Jacques Laffitte.
Président du Conseil et ministre de l’Intérieur, il s’activa à rétablir l’ordre. La répression de la première révolte des Canuts lyonnais en novembre 1831 entacha Casimir Périer d'une réputation sulfureuse, noircie par l'historiographie républicaine.
Homme providentiel d’une monarchie en danger, il fit du régime parlementaire une vérité. De haute taille, le regard ardent, le geste énergique, parfois sec, froid, cassant, doué pour le commandement et aimant l'exercer, Casimir Perier était doté d'un charisme et d'une autorité naturelle que soulignèrent tous ses contemporains.
Victime un an plus tard de l’épidémie de choléra qui sévissait à Paris, on ne saura jamais si l’homme aurait pu infléchir l’Histoire à sa volonté.
Au lendemain de sa mort, Rémusat affirmait que « depuis Napoléon, aucune personnalité n’a tenu autant de place dans le gouvernement et l’opinion ».
Sa disparition donna aussi lieu à de singuliers retournements parmi ses plus rudes adversaires, dont celui de Carrel qui se fendit d’un : « Il y a des grandeurs qui s’imposent ».
Le 19 mai, après sept discours lus sur sa tombe, Casimir Périer fut inhumé au cimetière du Père-Lachaise au milieu d’un tertre gazonné vers lequel mène de nos jours une allée qui porte son nom.
Des cérémonies eurent lieu en province dans les villes qu’il connaissait bien, mais la plus émouvante se déroula à Pont-sur-Seine, le 18 juin, où 700 à 800 personnes se rassemblèrent dans la petite église autour de l’urne contenant le cœur de leur châtelain. Car, si très occupé, il ne venait pas si souvent, Casimir était néanmoins très attaché à cette commune où sa famille possédait un château.
L'urne fut déposée dans la chapelle familiale du cimetière de Pont-sur-Seine.
Grâce à une souscription publique, en 1837, la patrie reconnaissante lui éleva un imposant mausolée sculpté par Borto, Courtot et Crozatier .
Sur trois faces, le socle est orné de statues allégoriques : la Fermeté (la Force), l’Eloquence et la Justice. Mais au-delà de ce vocabulaire antique, ce qui frappe c’est l’imposante statue en pied qui se dresse sur le support. Vêtu d’une toge de magistrat que recouvre une redingote à col officié galonné, Casimir Périer, le bras tendu, semble s’avancer vers quelque action inspirée par sa Loi, la Charte de 1830, gravée sur une table de pierre que tient l’autre main.