Depuis 1713, les Bourbons d’Espagne avaient renoncé à prétendre un jour au trône de France. Louis XVIII, considérant que la descendance de sa branche n’était pas assurée, s’était rapproché de celle des Orléans qui, en vertu de l’ancienne loi de dévolution de la couronne, était l’héritière naturelle de celle-ci.
Que de péripéties avant que le duc de Chartres, de la lignée des Orléans, le fils de Philippe-Egalité ne devienne le dernier roi des Français. Il aurait souhaité être roi de France sous le nom de Philippe VII mais, pour bien marquer le changement de dynastie et le fait qu’il devenait roi par la volonté du peuple et non par naissance, il devint Louis-Philippe Ier roi des Français.
Il avait hérité du chaudron bouillonnant qu’était alors la France divisée en autant de partis que d’intérêts tous prêts à s’insurger. Il y avait les légitimistes hurlant à l’usurpation, dont l’égérie était la duchesse de Berry, mère du comte de Chambord prétendant au trône régner sous le nom d’Henri V, les bonapartistes rêvant d’effacer le honte de 1815, les bourgeois visant les places jusque là réservées à la noblesse, les républicains, tels Barbès ou Blanqui, le parti de Louis-Philippe lui-même divisé entre ceux qui considéraient la monarchie constitutionnelle comme bonne et ceux qui n’y voyaient qu’une simple étape. Il y avait les anticléricaux, la situation du prolétariat, les balbutiements du socialisme avec les saint-simoniens, etc. Bref, la tendance était plutôt à l’émeute systématique et au complot qu’à la sérénité.
Louis-Philippe fit face avec intelligence autant qu’il le put. Au bout de dix-huit ans d’un règne tumultueux, objet de plusieurs attentats dont celui de Fieschi en 1835, il dut abdiquer le 24 février 1848. Ce même jour, lui qui des années auparavant aurait tout accepté plutôt que de quitter la France et ses biens, était contraint de fuir sous des déluges de pierres, de barricades et de mécontentements qui se déversaient aux portes du château des Tuileries. Il fallait se hâter. Le roi, la reine, la duchesse de Nemours et ses enfants, la princesse Clémentine, le duc de Montpensier, quelques fidèles montèrent dans trois voitures là, où cinquante-cinq plus tôt, Louis XVI avait été guillotiné. Charles X, au moins, s’était retiré avec un minimum d’honneur. Lui, fuyait déguisé en bourgeois et sous un nom d’emprunt.
Exilé en Angleterre à Claremont dans un château mis à sa disposition par la reine Victoria, le vieux souverain banni était brisé. Il s’éteignit autant de sa maladie de foie que de langueur dans ce pays qui, Ô ironie, était depuis toujours l’ennemi héréditaire des lignées royales de la France et qui détestait particulièrement Louis-Philippe. D’ailleurs, la presse anglaise commenta son décès avec un manque d’égards dont beaucoup de Français s’indignèrent.
Louis-Philippe fut inhumé dans la chapelle Saint-Charles Borromée de Weybridge où plusieurs Orléans reposèrent avant d’être autorisés à rentrer en France en 1876. Le 9 juin de cette année là, dans une quasi indifférence, ses restes furent rapatriés à Dreux et déposés dans la nécropole des Orléans.
Avec lui, s’achevait la grande aventure royale commencée mille quatre-cents ans plus tôt avec Clovis Ier. Consolation posthume : sur ces mille quatre-cents ans de royauté, avec Louis XVIII enseveli sous une simple dalle de marbre noir, il est le seul roi français mort naturellement et inhumé en France à toujours reposer sous son tombeau d’origine et intact, œuvre d'Antonin Mercié (1845-1916).